Depuis un accord en 2001, les 1.600 ouvriers de la société sont aux 35 heures, les heures qu'ils effectuent au-delà étant inscrites sur un "compteur de modulation" dont ils reçoivent l'état chaque mois. En fonction, ils peuvent prendre ou non des jours de récupération, en tenant compte de l'avancement des chantiers.
En fin d'année, ce qui reste au compteur est payé en heures supplémentaires (majorées de 25%), dans la limite de 90 heures annuelles. En 2006, 34.000 heures sup' ont été payées, soit l'équivalent de 3 jours en moyenne par ouvrier.
"Tout le monde trouve son compte dans la modulation: les chefs de chantier peuvent s'adapter à la charge de travail, et les ouvriers choisir entre de l'argent ou du temps", selon la directrice des ressources humaines de Cari, Nathalie Malan-Manigne.
"On peut repartir au pays un mois et demi au lieu d'un mois ", note un salarié de l'entreprise, dont la moitié des effectifs sont de nationalité étrangère.
De fait, selon le PDG de Cari, les ouvriers font 37 heures en moyenne par semaine.
Mais sur ce chantier du nouveau casino de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), les 39 heures prévalent. "Nos co-traitants n'ont pas fini à l'heure, on a dû mettre les bouchées doubles", explique le "maître compagnon" (chef principal de chantier), Philippe Duval.
Et un aide boiseur qui a débuté à 7h est toujours sur le site à 17h : "la livraison de béton est arrivée tardivement, on doit le couler". "Tu travailles mais tu ne sais pas si tu seras payé en primes, en heures sup'... ou pas du tout", remarque cet ouvrier à 1.300 euros net mensuels.
Pour les cadres et les ETAM (employés techniciens agents de maîtrise), la question des heures supplémentaires est toute autre. Les premiers sont au forfait journée, avec 12 jours de RTT (réduction du temps de travail) par an, les seconds aux 37 heures avec 24 jours de RTT.
"Il y a des gens motivés pour travailler plus, mais je ne vois pas comment s'en sortir techniquement: on ne pointe pas, on devra toujours terminer nos missions en temps et en heure", juge Pascal Roulant (FO), lui-même cadre.
Selon le président de Cari, l'ensemble des salariés se sont habitués à "travailler moins" depuis les 35 heures, avec toutefois une "productivité accrue".
Pour faire tourner les 200 chantiers de la société, M. Dao ne compte pas sur les heures supplémentaires mais sur 700 embauches en 2007, en offrant de "bonnes conditions de travail".
Anne-Pascale Reboul (AFP)