Le neuf continue de marginaliser les solutions de chauffage électrique
Le ralentissement de la production du logement neuf, associé à l’application de la réglementation thermique (RT) 2012, a fragilisé le secteur de l’équipement électrique. «La RT2012 nous a complètement retiré le marché du chauffage, constate Jean-Claude Guillot, président de la Fédération française des entreprises de génie électrique et énergétique (FFIE). Là où nous réalisions 80% des installations en chauffage électrique, nous sommes passés, en l’espace de deux à trois ans, à 10%. »
Pour enrayer ce transfert vers le chauffage au gaz, les acteurs militent pour permettre aux maîtres d’ouvrage d’avoir le choix de leur énergie, comme, par exemple, en travaillant sur l’exposition des bâ-timents. En attendant, de nombreux installateurs, soumis à un manque de visibilité de leurs carnets de commandes, préfèrent se redéployer vers le génie climatique, par croissance externe notamment, ou par l’intégration de nouvelles compétences. Le salut viendra-t-il de la RT 2020 ? Rien ne permet de le dire.
« Pour relancer le segment de la construction neuve dans l’activi- té des électriciens, la bonne arti- culation consisterait à intégrer dans les cahiers des charges un réseau de communication, à un coût économiquement accessible, en fonction des besoins futurs des occupants », estime Damien Hasbroucq, directeur de Promotelec. Cette association vient de lancer le label Habitat neuf avec deux mentions optionnelles, l’une basée sur la sécurité des déplacements ou la performance de l’installation multimédia, l’autre axée sur les émissions de CO2. Dans le secteur tertiaire, l’activité reste soutenue, mais la concurrence est rude avec des prix que Jean-Claude Guillot n’hésite pas à qualifier « massacrés parfois ». Enfin, les entreprises attendent un ralentissement dans le secteur public, où les collectivités investiront moins en 2015 et en 2016, entraînant, selon la FFIE, une contraction significative de ce marché.
La sécurité électrique planche de salut du marché ?
Les professionnels ont de bonnes raisons de fonder leurs espoirs de croissance dans le secteur de l’existant. À contre-pied de la RT 2012, le parc ancien comprend une quantité importante de logements équipés en chauffage électrique qui devront être rénovés en y associant de la domotique.
Par ailleurs, après le diagnostic électrique obligatoire appliqué depuis 2009, la mise en sécurité des logements est renforcée par la qui va imposer aux propriétaires l’évaluation des risques pouvant porter atteinte à la sécurité des personnes, notamment des locataires. Cette nouvelle responsabilité devrait ouvrir un nouveau marché et, en 2015, le label Rénovation de Promotelec sera mis à jour sur un principe d’évolutivité. Mais les acteurs du marché, comme Damien Hasbroucq, directeur de Promotelec, regrette l’absence d’aides à la sécurité électrique dans le cadre de la rénovation énergétique des logements. Dans ce contexte, la fidélisation de la clientèle via la niche de la maintenance pourrait être apporteuse d’un surcroît de chiffres d’affaires. C’est pourquoi l’UNA Capeb équipements électriques et électrodomotique a entrepris avec l’Ignes de mettre au point un contrat type de maintenance des installations d’éclairage de sécurité. Ce premier pas vers ce que Bruno Barlet, directeur de Legrand Frand, qualifie de « culture de l’énergie » est désormais inéluctable. Pourtant, sans formation qualifiante, point de salut. L’effort devra être maintenu sur la mise à niveau des entreprises sur ces sujets de rénovation.
Des segments porteurs en attente de décollage
D'une maison plus connectée au chargement d’un véhicule électrique en passant par les besoins d’une population vieillissante ou aux enjeux de l’e-learning et du télétravail, des évolutions structurelles vont s’imposer, créant des opportunités inédites pour le marché. « Elles vont nous emmener très loin, prédit Bruno Barlet. Notre rôle est désormais d’accompagner la place croissante de l’aspect sociétal au sein des équipements électriques. » Cette révolution laisse entrevoir un espace très ouvert, avec son lot de désillusions, où la filière devra lever un frein : la formation des installateurs. Dans l’accompagnement de ces changements (où la maîtrise de la data sera un élément prépondérant), la distribution électrique pourrait avoir un rôle majeur. Tout comme dans la transition du marché de l’éclairage vers des solutions innovantes. Ainsi, la led, qui représente moins de 5 % en volume mais 15 % en valeur des ventes de lampes en 2013, porte de nombreux espoirs. Cependant, les conservatismes subsistent sur le marché professionnel. Ainsi, le syndicat de l’éclairage souhaite-t-il que la Commission européenne reporte de quatre ans (2020) l’interdiction des lampes éco-halogènes.
Dans l’éclairage extérieur, la mise en place des nouvelles équipes municipales après les élections a créé un trou d’air. La baisse enregis- trée (- 10,7 %) sur ce segment équivaut, selon Hervé Dhenne, chef de marché Pro Osram-Sasu, « à ce cycle municipal, mais le marché est mature et devrait redémarrer au deuxième trimestre 2015 ».










