Géothermie de surface : les trois principaux leviers de son développement

Si elle ne représente qu’une très faible part de la consommation de la chaleur en France, la géothermie de surface présente pourtant un fort potentiel. Pour développer ces technologies, plusieurs dispositifs se mettent en place.

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La géothermie cherche à s'imposer dans le bouquet énergétique actuel.

« Ce mois de septembre 2023 présente une anomalie de température positive sans précédent au niveau mondial, de + 1,75 °C plus chaud que la moyenne d’un mois mensuel sur la période 1850-1900 », insiste Cindy Demichel, CEO de Celsius Energy et membre fondateur du collectif France Géoenergie (1). Pour elle, la géothermie de surface, qui ne descend pas au-delà de 200 m, doit faire partie intégrante de notre bouquet énergétique.

Cette technologie, qui permet d’apporter du froid en été et de la chaleur en hiver, « ne représente que 1 % de la consommation de la chaleur en France », indique-t-elle. « Or, les échanges thermiques sont possibles sur 95 % du territoire national », insiste-t-elle, étude du BRGM, de la métropole du Grand Paris à l'appui. Elle démontre que 68 % du froid et du chaud dont nous avons besoin sur le bassin parisien pourrait être fournie par la géothermie. Dans un contexte de renchérissement des prix du gaz et de l’électricité, cette solution pourrait connaître un réel essor.

Un plan national

Pour y parvenir, l’Etat a lancé en début 2023 un plan d’action en faveur du développement de la géothermie de surface et profonde en France métropolitaine, qui s’appuie sur le rapport sur la géothermie de surface du Haut-commissariat au Plan. Il comporte six grands axes et vise notamment à renforcer la capacité de forage, à affiner le cadre réglementaire, et incite à mettre en place des pompes à chaleur géothermiques.

Des hommes

La priorité est d'abord d'augmenter le nombre de foreurs formés à ces techniques spécifiques. Selon le Haut-commissariat au plan, seuls 200 foreurs sont actuellement capables de telles opérations. Or, il en faudrait entre 1 700 et 2 400 pour atteindre les objectifs de la transition énergétique. En tenant compte des temps de formation, cet effectif peut être atteint en sept ans. Pour y parvenir, l’Ecole française de forage (EFF) située à Lescar, dans les Pyrénées-Atlantiques, offre une formation spécialisée.

L’association des professionnels de la géothermie (AFPG) et le syndicat national des entreprises de forages pour l’eau et la géothermie (SFEG) soutiennent aussi « la mise en place prochaine d’un référentiel harmonisé de certification européenne pour les entreprises de forage afin d’accélérer leur montée en compétence et d’accroître l’offre sur le marché », indique Christophe Luttmann, vice-président de l’AFPG. 

Des réglementations

L’association, qui anime plusieurs groupes de travail, appelle par ailleurs à « rehausser les seuils déclaratifs applicables à la géothermie de surface », indique son vice-président. En effet la géothermie de minime importance (GMI) reste soumise à un régime déclaratif qui impose de respecter des seuils de puissance (- de 500 kW), de profondeur (- de 200 m) et de débit (- de 80 m3/h). Au-dessus de ces seuils, l’installation est soumise à l’octroi d’un titre minier, ce qui est synonyme de coûts et de délais d’instruction plus importants.

De son côté, le député des Yvelines, Bruno Milienne, a fait adopter un amendement le 24 novembre 2022 à la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables, afin « d'imposer l’évaluation d’une solution géothermique dans les études de faisabilité », précise-t-il.

L'Etat n'est pas en reste avec l'objectif affiché de multiplier par quatre les projets de géothermie d'ici à 2030. Une consultation publique est d'ailleurs en cours jusqu'au 15 décembre dans le cadre de la Stratégie française pour l'énergie et le climat

Des financements

Alors que le Fonds Chaleur géré par l’Ademe « devrait être porté à 820 millions d’euros pour l’année 2024, contre 600 millions cette année », annonce Benedicte Genthon, directrice adjointe bioéconomie et énergies renouvelables pour l’agence, un nouvel appel à projet va dans le sens de cet amendement. BaptiséGeo Boost, il vise à financer à 80 % les études de faisabilité nécessaires à l’installation de pompes à chaleur géothermiques.

Il comporte deux volets distincts : le premier a pour objectif de soutenir les modelés de financements innovants, tels que le recours à du tiers-financement, du crédit-bail, à des prêts bonifiés ou à la mise en place de contrats de performance énergétique. L’objectif est de limiter voir d'effacer les coûts d’investissement habituellement supportés par le maitre d’ouvrage.  Le deuxième volet a pour objectif de financer des études de faisabilité groupées de mise en œuvre de géothermie de surface sur les bâtiments d’enseignements, avec, a minima, trois sites différents. Espérons que les premiers projets seront lancés dès 2024. 

(1) Le collectif regroupe notamment l’Association française des professionnels de la géothermie (AFPG), le BRGM, Celsius Energy, Equans, Engie Solutions, Vinci Construction, l’Ademe, la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) et le Cerema.

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