Contre l’avis du gouvernement les chantiers s’arrêtent dans les Pays de la Loire

« Près de 80 % des chantiers de travaux publics sont arrêtés malgré la volonté du gouvernement » estime Laurent-Emmanuel Dieu, nouveau président de la FRTP Pays de la Loire.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
Laurent-Emmanuel Dieu, président de la FRTP Pays de la Loire

Le message du gouvernement, relayé très maladroitement par la ministre du Travail, est clair : les entreprises du BTP doivent continuer à travailler comme avant, mais en appliquant les mesures de sécurité.

Voilà pour le cadre général. Sur le terrain, la situation est toute autre. « Il faut être cohérent. Comment faire comprendre aux gens qu’ils doivent rester confiner à la maison alors qu’ils ont un chantier en cours en face de chez eux ou que des entreprises doivent intervenir dans les habitations ? » s’interroge Laurent-Emmanuel Dieu, Président de la Fédération régionale des Travaux publics des Pays de la Loire.

Mesures barrière, manque de masques

Plus concrètement, l’application stricte des mesures barrières sur les chantiers relève du casse-tête. « Par exemple, nos salariés se rendent généralement sur les chantiers dans un fourgon où il est impossible de respecter la distance de séparation préconisée, même en limitant le nombre de personnes. Et comment font-ils pour déjeuner le midi alors que les restaurants sont fermés » fait remarquer l’entrepreneur.

Par ailleurs, les masques de protection manquent et les gestes barrières aujourd’hui de rigueur peuvent être contradictoires avec les mesures de sécurité et de prévention que les entreprises se sont efforcées de mettre en place sur leurs chantiers.

« Nous insistons sur l’entraide entre compagnons pour la manutention de charges lourdes par exemple. Aujourd’hui, ils doivent mettre de la distance entre eux ».

Enfin, pour les chantiers qui restent ouverts, il devient de plus en plus difficile de s’approvisionner. « Si les négociants sont majoritairement fermés au public, certains proposent de préparer les commandes pour les professionnels mais ils sont rares » constate Laurent-Emmanuel Dieu.

Pour couronner le tout, les instructions sur les restrictions d’activité ne sont pas toutes partagées par les pouvoirs publics et il n’est pas rare de voir les forces de l’ordre intervenir sur les chantiers ou contrôler les camions pour nous stopper.

Entre 70 et 80 % des entreprises à l’arrêt

L’arrêt de l’activité semble inévitable également du fait d’une pression de plus en plus forte des donneurs d’ordres. « Dans ce cas il faut être clair. Certains maîtres d’ouvrage publics nous demandent par téléphone d’arrêter leurs chantiers mais ne s’engagent pas en signant l’ordre de service d’arrêt de chantier, pourtant indispensable pour placer nos salariés en activité partielle » regrette le dirigeant.

Il est toujours très difficile d’évaluer une situation qui évolue d’heure en heure mais Laurent-Emmanuel Dieu estime que sur le millier d’entreprises de travaux publics de la région, « entre 70 et 80 % sont à l’arrêt ou sur le point de l’être… malgré les injonctions du gouvernement à poursuivre leur activité » assure-t-il.

Pour les entrepreneurs concernés, débute alors un parcours administratif que chacun espère le plus rapide possible. « Les services de l’Etat font certainement au mieux mais, par exemple, pour déposer une demande d’activité partielle, le site Internet de dépôt est saturé. Heureusement qu’il y a un délai de rétroactivité de 30 jours ».

Trésorerie, reprise...

Combien de temps les entreprises de travaux publics pourront-elles tenir ? « 2019 a heureusement été une bonne année mais il est difficile de faire des pronostics car cela dépend des situations de chaque entreprise et surtout de l’état de leur trésorerie qui reste le gros sujet de préoccupation » estime Laurent-Emmanuel Dieu.

Enfin, les entreprises seront-elles prêtes lorsque l’activité finira par repartir ? « Cette situation est tellement exceptionnelle que l’on peut la comparer avec un interrupteur « on-off ». Aujourd’hui, nous sommes à l’arrêt. Mais demain nous devrons repartir. Cela dépendra surtout de nos clients et notamment de nos clients publics qui représentent près de 70 % de notre activité. Notre capacité d’adaptation dépendra aussi des mesures d’accompagnement de l’Etat pour nous donner plus de flexibilité sur l’annualisation ou le temps de travail » résume Laurent-Emmanuel Dieu.

Abonnés
Baromètre de la construction
Retrouvez au même endroit tous les chiffres pour appréhender le marché de la construction d’aujourd'hui
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !