10 minutes suffisent pour manutentionner et positionner chacune des 121 salles de bains du futur établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Bergheim Saint-Hippolyte (Haut-Rhin). Le choix de la préfabrication entraîne un gain de temps de deux mois, sur un chantier engagé en juillet 2012, et qui doit impérativement s’achever en août 2014 après un chantier de 12,7 millions d’euros HT. Passé ce délai, l’administration imposerait des travaux de mise aux normes sur l’ancienne maison de retraite.
Maître d’ouvrage délégué par l’exploitant, la Société d’économie mixte de Haute-Alsace n’a pas seulement obéi à la pression du calendrier. Ancien ingénieur du groupe Accor, son directeur Philip Katz cherchait l’occasion de tirer les conséquences de son expérience : « Plus on rentre dans des parties techniquement sensibles, plus il faut chercher des solutions industrielles en amont ».
Maître d’ouvrage opiniâtre
Une première tentative inaboutie l’a convaincu d’approfondir ses investigations « pour sortir du modèle monobloc de l’hôtellerie bon marché ». Le voyage sur le site EuroComponents, dans la région de Brescia (Italie du nord), l’a convaincu.
« Nous partons toujours d’une feuille blanche pour nous adapter aux contraintes des clients, face à une offre française dominée par des coques standard en polyester », explique Laurent Leterouin, responsable du service commercial France d’EuroCompenents. Après coulage du béton vibré dans des banches pneumatiques et accélération de la prise pour améliorer la solidité, le fabricant rassemble sur son site les plombiers, carreleurs et électriciens. La solidité de l’enveloppe autorise l’accrochage de WC suspendus. Un camion transporte jusqu’à six salles de bain de trois tonnes pièce.
Pour le tandem d’entreprises locales de gros œuvre Armindo Frères et Este, la tenue provisoire de la structure a nécessité la conception d’un plan d’étaiement spécifique, validé par le bureau de contrôle « Dans des ouvertures provisoires intégrées aux refends, nous avons logé les poutrelles sur lesquelles nous fixons les étais qui tiennent l’espace de 70 cm de hauteur entre les dalles et les prédalles », explique Patricia Armindo, qui dirige ce chantier pour Armindo Frères.
Pilotage optimisé
Déterminante pour tenir les délais malgré les 40 jours d’intempérie, la préfabrication des salles de bain s’est ajoutée aux choix de pilotage préconisés par Cap Avenir, titulaire de la mission OPC : plutôt que de monter simultanément les quatre zones de chantier, le gros œuvre les a finalement exécutées par paire, afin de faciliter une entrée en scène plus rapide des corps d’état techniques. Le parti architectural a facilité cette organisation : « Pour améliorer le repérage spatio-temporel des pensionnaires, nous avons organisé des espaces nettement différenciés, avec des redents qui délimitent quatre patios, dans un ouvrage qui reprend la volumétrie du lotissement environnant », explique Philippe Laîné, architecte de l’agence mulhousienne Emergence.
Dans cette opération montée en compte propre, la Sem n’a pas oublié sa mission d’intérêt général : elle a cédé le terrain à 10 000 euros de l’are, soit 2,5 fois moins que le prix du marché.
