Disparition du maître japonais de l’architecture Kenzo Tange

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L'architecte Kenzo Tange, dont les opulentes réalisations ont profondément modifié le profil des villes japonaises après la seconde guerre mondiale est décédé à l’âge de 91 ans. Portrait.

Après Philip Johnson décédé l’année dernière à l’âge de 98 ans, c’est l’un des derniers géants mondiaux de l’architecture qui disparaît. Géant par l’opulence qui caractérise l’ensemble de son œuvre, mais aussi par le nombre de réalisations et de prix internationaux remportés.

En effet, rares sont les architectes nippons à avoir accumulé autant autant de récompenses, la plus prestigieuses étant le fameux Prix Pritzker, remporté en 1987.

Kenzo Tange est né à Imabari, dans l'île de Shikoku, le 4 septembre 1913. Il a fait des études d'architecte et d'ingénieur à l'université de Tokyo et remporte, à l'âge de 33 ans, le concours pour le Parc de la Paix et le musée de la bombe atomique qu'il construit au centre de la ville reconstruite d'Hiroshima.

Son parcours l'ammènera à construire dans vingt pays, avec tous les programmes possibles, à toutes les échelles: églises, palais des sports, écoles, universités, hôtels de ville, musées, auditoriums, centres culturels, aéroports, villes nouvelles.

En France, il ne signera qu'un complexe de cinéma, souvent critiqué, place d'Italie à Paris, et un musée des Arts Asiatiques, nettement plus apprécié, à Nice.

Fortement influencé à ses débuts par l'architecture traditionnelle, Kenzo Tange se rangera aux solutions d'un béton épais et structural après un essai de béton fin sur une forte structure d'acier.

Cela donnera, par exemple, la préfecture de Kagawa et l'hôtel de ville de Kurashiki, puis pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 1964, deux stades couverts aux mâts de béton supportant des courbes hyperboliques, qui remportent un vif succès. Puis, en 1965, la cathédrale Sainte-Marie de Tokyo, constituée d'une flèche torse centrale de béton et de verre, servant de clé de voûte à quatre toits en acier inoxydable brillant.

En 1968, Kenzo Tange élabore le plan général de l'Exposition internationale d'Osaka de 1970, où il conçoit l'arène Theme Building, où le style organique rond et tubulaire et l'utilisation des espaces témoignent d'une évolution importante.

Ses projets gagnent en hauteur -tours à Singapour, à Chicago-, mais c'est à Tokyo que l'architecte revendique "le reflet d'une ère d'opulence à l'aube du XXIe siècle", en édifiant la nouvelle mairie de la capitale japonaise en 1991.

Ce complexe architectural, composé de deux tours parallèles, hautes de 243 mètres, en granit poli gris, sont aussitôt qualifiées de "monstruosité ostentatoire" par ses détracteurs, voir "la tour des impôts", en raison de son coût exorbitant.

D'autres reprochent à l'architecte d'avoir bénéficié de la bienveillance de l'ancien maire de la ville M. Suzuki, pour l'attribution de concours et l'on parle de "l'Empire Tange", dirigé d'une main de fer par son épouse Takako.

Mais l'aura de professeur nommé dès 1946 assistant à l'université de Tokyo est largement intacte pour la plupart, au Japon comme à l'étranger, où il reçoit plus d'une trentaine de prix, dont le Pritzker, mais aussi, en France, le Grand Prix international d'Architecture et la Médaille d'Or de l'Académie d'Architecture.

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