C’est sur un carré de 40 km de côté, contenu par les forêts et les villes nouvelles d’Ile-de-France, qu’a travaillé l’équipe Castro-Denissof-Casi. L’étude y pose le constat d’un « apartheid urbain, dont les grands ensembles sont la figure ». Le Grand Paris de l’après -Kyoto devra être au contraire « l’espace du devoir d’urbanité », prolongeant des « utopies concrètes » et franciliennes, telles que les cités-jardins et l’espace public haussmannien partagé par tous.
Ville du promeneur
Pour réussir cette « ville du promeneur », agglomérant ses identités autour d’une conscience métropolitaine partagée, l’étude propose de « faire système » autour du projet, en y organisant d’abord une rigoureuse « équité urbaine ». Abandonné, le développement radioconcentrique à partir de la capitale laisse place à un réseau de villes compactes desservies par un spectaculaire maillage de transports collectifs, « financé avec le foncier qu’il fabrique ». Transports rapides (métro aérien sur l’A86) et « poétiques » (batobus sur la Seine et la Marne, trois boucles de tram) absorbent les discontinuités et les ruptures. Une boucle de tram en très grande couronne désenclave les grands ensembles, où l’architecture des barres et des tours doit être « dédramatisée » par un remodelage de l’existant redonnant forme et qualité à un patrimoine jusque-là « accablé ».
Au principe de l’accessibilité pour tous s’ajoute celui de la « topolitique », c’est-à-dire l’inscription du choix politique d’un « Grand Paris solidaire » dans son territoire. Institutions de la République et de la métropole, grands équipements culturels, lieux de savoir et de recherche… Il s’agit de « disséminer de l’intérêt public » partout. Du symbolique aussi : huit icônes du Grand Paris polycentrique – avenue du ciel au Bourget, opéra sur le port de Gennevilliers, esplanade de la République métissée sur les berges du lac de Vaires à Noisiel – refondent le nouveau découpage en fédération de communes.
A une échelle plus quotidienne, l’étude recense enfin 33 sites (haras de Jardy, butte d’Orgemont, port d’Ivry...) qui, par leur intérêt urbain, leur richesse alluviale et topographique, peuvent faire du Grand Paris « un lieu de l’inattendu, de l’ailleurs et du voyage près de chez soi ».