BTP en Europe : reprise prévue de 2011
Pour le BTP européen, l'heure de la reprise n'a pas encore sonné. Tel est le constat fait par les experts du réseau Euroconstruct, réunis à Zurich le 27 novembre. Au terme d'une année 2009 cauchemardesque, la baisse d'activité atteindra 8,4 % et se poursuivra en 2010 (- 2,2 % en euros constants). Le retour à la croissance interviendrait en 2011 (+ 1,6 %) et 2012 (+ 2,5 %), mais sans retrouver le niveau des années 2000-2007.
Deux évolutions fortes à noter pour 2009: l'augmentation significative de la part de la rénovation dans le bâtiment (de 37,6 à 39,4 %) et la montée en puissance de celle du génie civil (de 21,8 à 24,2 %). Géographiquement, l'Espagne poursuivra sa dégringolade en 2010 avec une baisse de 9,7 % mais une petite hausse d'à peine 1 % est prévue en 2011. La France (- 0,7 % en 2010, + 1,3 % en 2011), l'Italie (- 2 %, + 1,4 %) et le Royaume-Uni (- 0,8 %, + 1,6 %) ne renoueront pas avec la croissance avant deux ans. Le premier marché d'Europe, l'Allemagne, restera stable (+ 0,8 %, + 0,1 %). En fait, la croissance ne sera forte qu'en Pologne (+ 9,6 %, + 16,3 %).
• Si le logement est le segment d'activité le plus important du BTP, son poids diminue (de 45,4 à 43,5 % sur un an). Et, après la très mauvaise année 2009 (- 12,3 %), la reprise n'interviendra qu'en 2011 (+ 2,1 %). L'Espagne occupe une place à part, tant l'effondrement du marché est dramatique : - 28 % en 2008, - 42 % en 2009, - 7 % en 2010. Les autres « grands » pays européens vont connaître une reprise lente (- 0,7 % en 2010 et + 1,3 % en 2011 pour la France, + 0,8 % et + 3,2 % pour le Royaume-Uni). L'Allemagne reprendra doucement le chemin de la croissance (+ 0,6 %, + 1,9 %).
• Le non-résidentiel est aussi dans une situation difficile (- 9,7 % en 2009, - 4,6 % en 2010), même si une stabilisation est annoncée en 2011 (- 0,3 %). Le secteur privé est durablement impacté par la crise, tandis que le public, soutenu d'abord par les plans de relance, va subir ensuite les restrictions budgétaires destinées à contenir les déficits publics. Malgré une chute de 14,9 % en 2009, le marché britannique - le plus important - va se contracter jusqu'en 2012. L'Allemagne se stabilisera (- 0,7 %) tandis que la France sera entre deux eaux (- 1,8 % puis + 1,4 %).
• Le génie civil est le seul segment en croissance (+ 0,8 % en 2010, + 3,3 % en 2011). Les plans de relance et la réalisation des réseaux transeuropéens de transport y contribuent. La demande reste forte à l'Est, grâce aux fonds européens (+ 16,9 % en 2010). L'Espagne a puisé dans ses réserves budgétaires pour lancer des chantiers mais 2010 sera difficile (- 11,5 %). La France entre dans un cycle de faible croissance, et l'Allemagne baissera à nouveau en 2011 (- 2,4 %), une fois passés les effets de son plan de relance. Le Royaume-Uni profitera de l'effet des JO 2012 et du RER londonien Crossrail (+ 7,7 % en 2010). HB
Commentaire : Voir l'ensemble de l'enquête réalisée par l'équipe du Bulletin Européen du Moniteur dans Le Moniteur du 11 décembre, P. 46 à 51
Travaux publics?: les marchés conclus en légère reprise
L'activité des TP a reculé de 7% en octobre (CVS-CJO) par rapport au même mois de 2008, lui-même déjà en repli sous l'effet de la crise. Sur les dix premiers mois, la baisse est proche de 8%. Mais les marchés conclus - autant de promesses de travaux futurs - sont en hausse de 15% au cours des trois derniers mois, comparés aux trois même mois de 2008, également en retrait. Fin octobre, les entrepreneurs se montraient plus optimistes quant à leurs perspectives d'activité à court terme, tant en commande publique qu'en privée. Les carnets de commandes sont de 4,8 mois contre 4,6 un an auparavant. Et fin novembre, le baromètre de la commande publique (FNTP-Vecteur Plus) fait apparaître une hausse de 6?% du nombre de lots de travaux publics dans les appels d'offres par rapport à la même période de 2008. Si le moral des entrepreneurs était en hausse fin octobre, ce n'était pas le cas des prix pratiqués. La FNTP estime que la concurrence, déjà forte, a été exacerbée par les modalités d'attribution des Mapa (marchés passés en procédures adaptés) qui multiplient les négociations à la baisse.
HLM : la relance fait sentir ses effets
Les prêts de la Caisse des dépôts aux HLM sont en forte hausse depuis le début de l'année : les prêts émis pour la construction et l'acquisition sont en progression de 29% (à 4,2 milliards) au cours des neuf premiers mois, comparés à la même période de 2008, alors que les signatures font un bond de 43% (à 4,4 mds). Les PLUS (HLM ordinaires) sont en hausse de 21% (à 2,8 mds) et 37% (2,9 mds) respectivement et les PLA-I de 65% (436 millions) et 86% (428 millions). Les émissions de prêts Amélioration augmentent d'un tiers (706 millions) et les signatures de 59% (à 739 millions). Source : USH dans Actualités habitat, P. 10
Acoss : moindre dégradation de l'emploi du BTP au T3
Dans la construction, le repli des effectifs salariés entamé au premier trimestre (- 1,4% puis - 1,2% au deuxième) s'atténue au troisième trimestre (- 0,7%), selon les dernières statistiques de l'Acoss. Sur un an, l'emploi a diminué de 3,1% (48.000 pertes).
La dégradation est plus marquée dans la construction que dans le génie civil : - 1,8% pour la construction de maisons individuelles et - 1,9% pour celle des autres bâtiments. Mais l'Acoss note une reprise de l'emploi dans la construction de réseaux électriques et de télécommunications (+ 0,3%), une baisse modérée dans celle de réseaux pour fluides (- 0,4%) ou des routes et autoroutes (- 0,6%).
Dans le second œuvre, elle fait état soit d'une stabilisation soit d'une baisse légère : - 0,1% pour les travaux d'installation d'eau et de gaz, - 0,2% pour les installations d'équipements électriques, - 0,3% pour le thermique et la climatisation.
La masse salariale a décru de 1,2% pendant le trimestre sous revue et de 2,6% sur un an. Le salaire moyen par tête est stable (0,0%) en glissement annuel
... tendance inverse pour la Dares
L'analyse de la Dares/Insee est très exactement l'inverse de celle de l'Acoss : selon elle, l'emploi salarié accentue son recul au T3 avec 16.100 postes perdus (- 1,1%) après - 11.800 (- 0,8%) au deuxième trimestre. Sur un an, 47.500 emplois ont été détruits (- 3,3%)
Si l'on tient compte des intérimaires, le recul des effectifs est atténué et l'on retrouve la même tendance que l'Acoss: 9.900 emplois seulement sont perdus et le repli au T3 est moindre qu'au T2. Compte tenu des intérimaires, 66.000 emplois ont disparu en un an (- 4,1%). « Les enquêtes de conjoncture menées par l'Insee auprès des entrepreneurs du BTP, laissaient attendre une réduction d'effectifs similaire à celle du deuxième trimestre 2009 », fait remarquer la Dares
Commentaire : L'acoss recense 1.495.000 salariés au 30 septembre dans la construction, alors que la Dares en comptabilise 1.439.800 à la même date hors intérim et 1.552.300 y compris l'intérim.
...et l'avenir ne s'annonce guère riant, selon Manpower
Et les entrepreneurs du BTP, interrogés pour le baromètre Manpower, se montrent pessimistes pour l'avenir : au premier trimestre 2010, le solde net (en CVS) entre ceux qui anticipent une baisse et une hausse, s'établit à - 5, soit le résultat le plus faible jamais enregistré par ce secteur depuis le lancement du baromètre au T3 2003 mais également la perspective la plus pessimiste parmi tous les secteurs étudiés.
Accidents du travail : deux fois plus de risques dans la construction
Les salariés de la construction subissent deux fois plus d'accident du travail (AT - ayant occasionné au moins une journée d'arrêt de travail) par million d'heures de travail que la moyenne nationale, avec un taux de fréquence 49,8, selon la dernière étude de la Dares portant sur 2007. Les « travaux de charpente » et la « réalisation de couvertures par éléments » arrivent en tête des 20 activités où les AT sont les plus fréquents (88 et 86,8 respectivement). Dans ces 20 secteurs, 9 relèvent du BTP.
La construction est aussi le secteur dans lequel le taux de séquelles permanentes occasionnées par les accidents est le plus élevé (dit indice de gravité), soit 44,4 par million d'heures de travail. De même, plus d'un accident du travail mortel sur cinq (26,4%) intervient dans la construction (165 morts en 2007)
A durée d'exposition également, les AT sont cinq fois moins fréquents dans les grands établissements (500 salariés ou plus) que dans ceux de moins de 50 salariés : 11,5 contre 57,2. A noter que chez les moins de 10, on déplore moins d'AT que dans les 10 à 50 (51,8 contre 57,2), où ils sont plus fréquents.
Commentaire : La CNAMTS a déjà dévoilé les chiffres 2008. Ils montraient que malgré une hausse du nombre de salariés (+ 3,5%), les accidents avaient baissé de 1,6% entre 2007 et 2008. Le taux de fréquence baissait donc de 6,3%. Pour la CNAM, le nombre de décès était en léger recul, passant de 184 en 2007 à 155 en 2008.
Les indicateurs d'Hervé Gastinel P-DG de Terreal
Le P-DG de l'entreprise de tuiles et briques compte sur une reprise d'activité pour la mi-2010 en appuyant principalement son raisonnement sur deux indicateurs qu'il considère comme avancés.
Le premier est celui de la Capeb qui suit les variations d'activité des trois secteurs couverture, charpente et maçonnerie à travers le taux de confiance des entrepreneurs sur leur carnet de commandes en rénovation. On est d'ordinaire à +2%, 3%, on était descendu à -3%, -5% sur certains créneaux, le décrochage s'estompe, note le dirigeant. Les entrepreneurs espèrent des taux de +6%, +8% en 2009 par rapport à 2008.
Le second concerne les maisons individuelles. Le constat d'un cabinet spécialisé indique une reprise des commandes. Huit à dix mois plus tard, la tendance se traduit en expédition de nos matériaux, ce qui nous amène à l'été 2010 explique Hervé Gastinel.
Il compte enfin sur la reconstitution des stocks du Négoce pour lesquels l'observation est encore plus simple : «Les cours sont vides», sourit le P-DG de Terreal.
