« Aujourd’hui, les négoces, et plus particulièrement les négoces matériaux, ne font pas le boulot. » Le propos est acerbe. Et il est signé par le président de l’Union nationale des artisans maçonnerie-carrelage de la Capeb, Dominique Metayer. « Proposer seulement deux tailles de truelle, ou encore trois types de marteau, ce n’est pas professionnel, poursuit-il. Dans certains cas, nous sommes réduits à limer une spatule pour disposer de la bonne dimension. Il n’est pas rare que les artisans aillent chercher leurs outils dans les GSB. Et moi le premier. » Le réquisitoire est brutal. Néanmoins, il témoigne d’une réalité. Les centrales d’achat déréférencent beaucoup sur ce segment. Et depuis plusieurs années. « Avec la généralisation du libre-service sur l’outillage à main, les distributeurs ont décidé de rationaliser le linéaire pour en faire un centre de profit, note la responsable du marketing de Leborgne-Fiskars, Céline Simonnet Lafont. Pour y parvenir, ils ont fait le choix de réduire le nombre de fournisseurs, d’abaisser l’état des stocks, de gérer moins de références pour gagner en simplicité. Aujourd’hui, beaucoup de négoces ne proposent qu’un premier prix, un milieu de gamme et un haut de gamme. » Dans ce contexte, Internet peut-il s’imposer comme un canal de distribution alternatif ou complémentaire ? La question peut apparaître pour beaucoup comme osée, voire saugrenue. Pour le créateur d’Outillage-Online.fr, Morgan Josset, elle ne l’est pas. « Je suis sûr que les industriels de la chaussure et leurs distributeurs trouvaient il y a six ans que vendre une basket en ligne était ridicule voire impossible sans essayage. Pourtant, note avec malice le pure player marseillais, l’histoire leur à donner tort. »
Aujourd’hui, le poids de la vente en ligne est faible. Marques et distributeurs s’accordent sur ce point. Cependant, les initiatives s’intensifient. Le nombre de sites spécialisés dans l’outillage ou proposant de l’outil professionnel augmente. Des pure players (Outil Sud, Materiaux-direct, Outillage-Online…) en passant par des négoces quincaillerie (Descours et Cabaud, la Quincaillerie Aixoise, Socmo, Debonix du réseau Socoda…), des GSB (Castorama…) : l’annuaire francophone Webmarchand.com inventorie 905 sites de vente de bricolage et 200 sur le seul segment de l’outillage à main, avec plus de 15 000 références de produits vendues. Bref, la concurrence s’annonce rude entre les différents acteurs. D’autant que le marché est loin d’être figé. Les marques s’y préparent. Ainsi, Mob Outillage teste en Allemagne son site de vente. Quant à Würth, après avoir lancé son propre réseau de magasins, il se prépare à inaugurer dans quelques semaines son site marchand.

