Feuilleton 1/9 Le musée McNay mise sur la lumière naturelle

La nouvelle extension du musée d’art de San Antonio (Texas), conçue par l’architecte français Jean-Paul Viguier, privilégie la lumière du jour pour la mise en valeur des œuvres, au prix d’une savante toiture filtrante.

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Ouvert en 1954, le musée McNay de San Antonio (Texas, Etats-Unis) abrite une collection de 17 000 œuvres d’art européen et américain des XIXe et XXe siècles (Seurat, Van Gogh, Gauguin, Picasso, etc.), une section consacrée aux arts du théâtre et une collection de livres anciens. Le tout complété par un jardin de sculptures !

L’intervention consistait ici à pourvoir le musée de nouvelles salles d’expositions temporaires pour former, tout en l’agrandissant, un ensemble bâti cohérent. En effet, construit à la fin des années vingt, l’édifice de style colonial qui accueille le musée a fait l’objet d’ajouts successifs au fil du temps. Cette nouvelle extension, baptisée « Centre Jane et Arthur Stieren », en hommage à ses principaux mécènes, a permis de doubler la superficie initiale de l’établissement.

Trois bandes

Lauréat d’un concours – auquel ne participaient presque que des architectes américains ! – le Français Jean-Paul Viguier s’est assuré les compétences de l’agence locale Ford Powell & Carson, implantée à San Antonio même.

Pour cette seconde intervention sur le sol américain, après le Sofitel Water Tower de Chicago (Illinois, 2002), Jean-Paul Viguier a opté pour la construction d’une longue aile largement vitrée, étirée vers l’est du site et inscrite dans une forte pente. Elevée sur deux niveaux, elle s’organise grâce à un plan d’une grande sobriété. L’édifice est articulé en trois bandes parallèles comprenant deux galeries d’exposition et différents locaux et salles annexes (librairie, espace de stockage, espace pédagogique, salle de réception, etc.). L’espace des galeries est modulable en fonction des besoins.

Dans cette région du globe fortement ensoleillée, où les températures estivales peuvent atteindre des sommets, l’originalité et l’audace du parti architectural a été de privilégier un éclairement en lumière naturelle. Une réflexion très poussée a donc été menée sur la modulation de la lumière et la maîtrise des ambiances hygrothermiques à l’intérieur du bâtiment.

Toit filtrant

Au niveau supérieur, la galerie principale, d’une superficie de près de 800 m2, est entièrement vitrée sur sa façade sud. Elle est néanmoins protégée de la lumière directe du soleil par un porte-à-faux de la couverture du bâtiment, long de sept mètres.

Mais, la principale prouesse technique provient de la conception d’un toit plat en verre filtrant, qui permet de moduler subtilement la lumière naturelle qui inonde les salles d’exposition. Toutes les gaines techniques ayant été intégrées dans les parois, le toit et sa sous-face ont en effet pu être dégagés de toutes contraintes pour être vitrés. Ce feuilleté complexe associe brise-soleil, sheds, stores motorisés et panneaux de verre sablé.

La gestion informatique du système, qui autorise une très grande réactivité, réagit à la moindre variation de lumière et/ou de température. Une réflexion qui inscrit ce bâtiment dans la lignée des dispositifs inventés par l’Américain Louis Khan (1901-1974) pour le musée Kimbell (Fort Worth, Texas, 1972) ou par l’Italien Renzo Piano pour la Fondation Menil (Houston, Texas, 1986). Deux références absolues en matière de traite-ment de la lumière naturelle en muséographie…

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