Pieuvre, Goulotte, Triade, Croch’tuile... Dans l’univers du couvreur, les innovations mises au point par la société Dimos, spécialiste de la fabrication de matériels de couverture, font presque partie du langage courant. Le fruit d’une démarche entamée il y a 32 ans par Michel Goubaud, 70 ans, ancien couvreur « titulaire d’un certificat d’études ». Et poursuivie par ses deux fils, Sébastien, 32 ans, et Laurent, 40 ans, respectivement chargés du développement et du marketing. Chez Dimos, l’innovation « produits » repose aujourd’hui sur deux piliers : « Nous nous attachons à la fois à faire évoluer les produits que nous avons conçus, et à créer des ruptures technologiques », explique Sébastien Goubaud, tout en reconnaissant tendre davantage vers ces ruptures technologiques en ce qu’elles permettent de « faire avancer le métier ».
Travail d’écoute
Mais qu’il s’agisse de simples évolutions – pouvant aller jusqu’à deux par an sur un produit – ou d’innovations « pures », l’objectif demeure le même : répondre aux besoins des couvreurs, voire les anticiper. « Les discussions que nous pouvons entamer sur le terrain avec les artisans couvreurs nous aident à identifier leurs besoins et alimentent ainsi notre réflexion », souligne Laurent Goubaud. Les demandes des utilisateurs remontent aux ingénieurs, dont les solutions sont ensuite testées. « Les machines-outils sont laissées chez un utilisateur ‘‘cobaye’’, capable d’exprimer son besoin, complète le directeur marketing. En fonction de son retour, nous remodifions le produit, puis nous assurons de sa conformité à l’ensemble des normes en vigueur. Une fois validé, nous mettons au point son argumentaire commercial. » Parfois, c’est la loi qui dicte l’innovation : ce fut le cas sur l’échafaudage en hauteur Ossman en aluminium, testé sur un faux toit parisien monté dans la cour des ateliers de Dimos.
Des éléments modulables
Face au ralentissement de l’activité, l’équipe dirigeante a bien remarqué que les commandes de grosses machines étaient mises en « stand-by ». Mais guère plus : « L’activité sur les équipements de chantier n’a en revanche pas baissé, explique Sébastien Goubaud. Ce qui semble assez logique puisque nos innovations engendrent un gain de temps, très utile en période de crise. » En outre, si la gamme Dimos est très large, ses innovations sont conçues de telle manière qu’elles permettent une modularité des éléments, sorte de « lego du couvreur », selon les termes de Noël Rabergeau, le responsable des prototypes.
Dimos, qui compte pas moins de 80 brevets à son actif, maintient donc le cap avec cinq brevets originaux par an. Une démarche à laquelle adhère l’ensemble des salariés. « S’il avait fallu photographier tous ceux participant à l’innovation dans l’entreprise, nous aurions été 80 sur la photo ! » s’amuse le responsable du développement. Mais l’innovation chez Dimos, ce ne sont pas seulement des produits distribués dans près de 2 000 points de vente, mais également des services. Et ce, qu’il s’agisse de l’accompagnement de ses distributeurs, notamment par le biais de son showroom, ou encore du développement de ses formations, avec son centre, opérationnel depuis quatre ans. « Au cours de nos sessions, nous montrons aux couvreurs que la sécurité ne prend pas plus de temps, dès lors qu’elle est intégrée dans l’organisation du chantier », argue Jean-François Perraud, du centre Dimos Formation. Enfin, la PME familiale tente d’innover dans sa communication, au travers de sa documentation commerciale. « Mais là-dessus aussi, nous sommes suivis, donc copiés », déplore Laurent Goubaud, qui en a la charge. Ce que ne manque pas de relativiser – avec humour – Yannick Ménard, le chef d’atelier : « Tant qu’on est suivis, c’est qu’on est devant ! »
