Pour ne pas être chaque année à la merci d’arbitrages budgétaires dans une période où la France est appelée à redresser ses comptes publics, le patron de la FNTP (Fédération nationale des travaux publics) a souligné la nécessité de faire émerger des modèles impliquant davantage l’usager pour financer les infrastructures liées à l’eau, à la mobilité ou encore à l’énergie.
« La solution des péages au sens de paiement à l’usage est un socle qu’il nous faut élargir. Face au défi de la transition écologique et à l’importance de proposer des infrastructures de qualité dans tous les territoires, nous avons tous le choix d’être des citoyens spectateurs ou des citoyens acteurs de notre avenir collectif. Je pense qu’il y a aujourd’hui une vraie prise de conscience de ces enjeux », détaille Alain Grizaud.
Sur ce sujet de l’acceptation par les Français d’une participation plus importante au financement des infrastructures dont ils jouissent, le patron de l’organisation professionnelle se montre confiant et refuse le parallèle avec la crise des Gilets jaunes.
« La hausse des prix du carburant était probablement l’élément déclencheur du mouvement, mais elle n’en constituait pas la cause à mon sens. La raison profonde tient davantage à un sentiment d’abandon d’une part de la population qui ne dispose pas des services dont elle a besoin, notamment en termes de mobilité. Agir sur le tarif de l’essence revenait à surenchérir une ressource qui leur est indispensable pour rejoindre leur travail, atteindre les offres culturelle, de santé… ».
Vers de nouveaux modèles ?
Cette quête de nouveaux modèles, Alain Grizaud estime la partager avec le nouveau ministre des Transports, François Durovray. Il espère d’ailleurs que ce dernier propose dans les prochains mois des véhicules de financement qui permettent de sanctuariser les capacités d’investissement sur le temps long.
« Pour se projeter, il faudrait, par exemple, pouvoir s’appuyer sur une fiscalité affectée qui flèche les ressources vers ceux qui ont la responsabilité de développer et maintenir les infrastructures », poursuit le président de l’organisation professionnelle avant de citer l’exemple de la Société du Grand Paris. Une entité qui a pu s’appuyer sur la taxe prélevée sur les bureaux afin de soutenir les investissements du Grand Paris Express.
Distinguer la dépense d’un investissement dont on attend des bénéfices à moyen ou long terme, tel est le souhait de la FNTP qui espère même que ce distinguo se traduise dans la comptabilité publique et donc dans l’analyse de l’endettement français.