Si Berlin a été LE chantier européen de la fin du millénaire, Glasgow pourrait bien reprendre ce titre pour la première décennie 2000. La plus grande ville écossaise est en train de se réinventer, avec une explosion de projets sur les rives de la Clyde, combinée à un vaste effort de remise à niveau. La renaissance postindustrielle de Glasgow s'accompagnera, à l'horizon 2010, d'un redéveloppement urbain chiffré en milliards d'euros. Une priorité toutefois pour le mener à bien : Glasgow doit mettre au point une vision stratégique à long terme, plus claire et unifiée.
Le déclin de la construction navale et des activités portuaires de la Clyde, depuis plusieurs décennies, a transformé ses berges en friches industrielles. La municipalité a réalisé qu'un redéveloppement systématique aurait un effet d'entraînement considérable sur l'économie de la ville : 1,6 milliard d'euros de projets riverains a déjà été lancé.
Sur la rive nord, Glasgow Harbour, un programme de 814 millions a été mis en place par Clydeport (l'autorité portuaire) et la Bank of Scotland. Il verra la construction, sur d'anciens docks, de 2 500 logements, commerces et activités de loisirs, avec des subventions européennes à l'étude pour compléter ses infrastructures.
Logements et quartiers d'affaires
Autre projet d'envergure : Broomielaw, en plein coeur de Glasgow, une initiative en Private Finance Initiative (PFI) de 488 millions pour développer un quartier de services financiers internationaux. Plus d'une douzaine d'autres projets résidentiels ont également été déposés. Sur le site d'une ancienne aciérie, à l'est de la ville, l'énorme parc industriel et d'affaires de Cambusland a reçu le feu vert de la municipalité.
Sur la rive sud, un nouveau musée des sciences a été inauguré en 2001. Et la ville va lancer deux autres grands projets résidentiels : 800 logements sur la friche industrielle de Tradeston (325 millions) et 1 250 logements dans le village résidentiel d'Oatlands (160 millions).
Passerelles piétonnes, ponts, navettes fluviales et un monorail et des tramways sur la rive nord sont aussi prévus pour desservir les 5 000 nouveaux logements à l'horizon 2010.
Pour le conseiller Gordon, à la tête de la municipalité depuis 1999, « Glasgow a trop longtemps négligé ce fantastique atout qu'est la Clyde. Elle renaît actuellement, mais nous devons davantage la raccorder à l'ensemble des habitants ».
Effectivement, après les changements structurels qui ont touché Glasgow, culminant avec 100 000 licenciements dans les années 80, d'importantes disparités socio-économiques perdurent, évidentes dans les quartiers sinistrés des Gorbals et de Govan ou dans le centre-ville (avec 350 000 m2 d'espace commercial vacant). Les friches industrielles représentent 9 % de la ville qui est passée des industries lourdes aux services et à la technologie. 44 % de son territoire figurent dans des « aires de régénération ».
Une nécessaire coordination
Des initiatives parcellaires ont pris place, en particulier la Crown Street Regeneration qui poursuit la remise à niveau des Gorbals (651 millions) ou la création en cours d'un parc scientifique hi-tech (160 millions) en centre-ville. Par ailleurs, les 29 écoles secondaires sont en rénovation ou reconstruction (en PFI) pour 1,6 milliard d'euros sur trente ans. Enfin, le transfert du parc de 84 000 logements sociaux de la municipalité à des sociétés d'économie mixte permettra d'investir 2,9 milliards pour leur modernisation.
L'énormité des projets va requérir une bonne coordination entre tous les intervenants, en particulier l'agence de développement régional (Scottish Enterprise Glasgow) et la municipalité, qui ont déjà élaboré un plan d'urbanisme commun. Elles devront travailler sur une stratégie de transports unifiés, une meilleure optimisation financière des terrains municipaux et s'assurer d'un cadre financier solide pour ce vaste chantier urbain aux multiples sources de financement (gouvernement écossais, Fonds structurels européens et à terme la Banque européenne d'investissement).
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La rivière Clyde est au coeur du projet urbain. Les friches industrielles, qui représentent 9% de la surface de la ville, seront réaménagées.