Vous faites du développement durable une priorité de votre mandat de trois ans. Selon quelle approche ?
Nos entreprises ont réalisé des progrès qui les rendent exemplaires en la matière, en particulier en recyclage des matériaux. De plus, leur parc de matériels d'engins a réduit de 30 % ses émissions de gaz à effet de serre en dix ans. Mais il leur reste à le faire savoir, et notamment auprès des maîtres d'ouvrage. Nous sommes désormais armés et légitimés pour nous positionner comme les acteurs qui vont aider ces donneurs d'ordre à mieux calculer l'impact environnemental de leur projet… et ainsi limiter les risques de leur échec. Nous savons notamment construire des routes « propres » et recyclables, dont le revêtement noir capte la chaleur, qui sont le support de réseaux d'énergie et de fluides représentant un riche potentiel pour la transition écologique. Sur le sujet de la requalification des friches, important en Grand Est, nos entreprises pourront aussi mettre leur savoir-faire à disposition.
Autre priorité, récurrente : la formation. Comment aller plus loin sur le sujet ?
La campagne de la FNTP « #FranchementRespect », visant à attirer les jeunes vers nos métiers, a été bien reçue par les intéressés. Pour notre fédération régionale et nos entreprises, il s'agit de prolonger cette dynamique, sur le point-clé d'une meilleure liaison entre jeunes et anciens. Là aussi, les choses changent : loin de l'image du manieur de marteau-piqueur, les « anciens » vivent au quotidien l'évolution technologique des métiers, de sorte qu'ils sont très bien placés pour montrer toutes les opportunités qu'elle induit, en conduite d'engins, gestion de données, etc. Surtout, il nous faut casser les murs, ceux entre formation initiale et formation professionnelle, et aussi ceux qui peuvent exister entre centres de formation. Ils ne doivent plus être des rivaux.
Quels nouveaux rôles pour la FRTP Grand Est dans ce contexte ?
Points d'entrée des entreprises, la fédération régionale et les trois FTP d'Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne doivent apporter des réponses rapides et fiables à leurs questions, suscitées par l'évolution à vitesse grand V du métier. L'idée, c'est de faire de nos neuf salariés permanents des référents, chacun sur un thème dédié - code des marchés publics, ressources humaines, formation, innovation… -, qui puissent relayer et compléter efficacement la veille experte de la FNTP. La FRTP doit mettre en pratique deux grandes idées : défendre tous les territoires de la région, car une métropole ne peut vivre sans son arrière-pays ; et considérer qu'elle doit d'abord offrir des services pour chercher de nouveaux adhérents, et non agir en sens inverse.
Qu'attendez-vous de la campagne des municipales ?
Pour un élu, faire preuve de responsabilité en matière de développement durable suppose d'accorder de l'attention à l'entretien de l'existant. Nous avons en Grand Est 46 000 km de voirie communale et intercommunale et 42 000 km de réseaux d'eau potable, dont le renouvellement va prendre… 260 ans en moyenne au rythme actuel, et jusqu'à 800 ans dans les cas les plus extrêmes ! C'est sans doute moins glamour que de fleurir sa commune, mais en matière de préservation des ressources pour les générations futures, c'est prioritaire. J'appelle donc de mes vœux un « pacte vert » qui consacrera à de tels sujets les capacités financières restaurées des collectivités de la région - leur endettement moyen est inférieur au score national -, de façon à rompre avec une décennie de sous-investissement.
