GRENOBLE Une expérience pilote pour tester les outils de renouvellement urbain

A Teisseire, cité de 1 200 logements de la fin des années 50, une expérience pilote, conduite avec l'urbaniste Philippe Panerai, met en oeuvre tous les outils du renouvellement urbain, notamment la résidentialisation.

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L'opération de renouvellement urbain actuellement entreprise à Grenoble, quartier Teisseire, devrait permettre d'établir des méthodes d'intervention qui seront applicables à d'autres grands ensembles de l'agglomération. Avec ses 3 500 habitants, Teisseire a été choisie en raison de ses atouts potentiels - proximité du centre, bonne desserte par les transports publics, espaces verts de qualité - par la ville, l'Opale, et la communauté d'agglomération (Métro), au travers d'un contrat de ville lancé en 1998, puis d'un GPV (grand projet de ville) signé en 2001. Pour transformer cette cité enclavée en quartier attractif, est expérimentée, avec l'architecte-urbaniste Philippe Panerai, toute la gamme des outils du renouvellement urbain : diversification du foncier et de l'habitat, hiérarchisation et amélioration des espaces publics, identification claire des espaces collectifs et privés, regroupement de commerces, équipements et services, et activités. Pour intervenir sur les espaces publics, relier le quartier au reste de la ville, tout en valorisant les espaces verts, il a été nécessaire au préalable de clarifier la situation foncière. Comme l'explique Philippe Panerai : « L'Opale était l'unique propriétaire des 26 ha du quartier. Croyant que l'Office HLM les lui avait cédés, la ville entretenait les espaces verts, mais aucun acte de cession n'avait été signé. Aujourd'hui, la ville a acquis les espaces publics et l'Opale conserve la propriété des habitations. » La ville assure la maîtrise d'ouvrage et la maîtrise d'oeuvre des espaces extérieurs privatifs et publics, conçus en concertation avec Philippe Panerai. La diversification de la propriété foncière passe également par l'arrivée de nouveaux bailleurs, qui s'effectue pour l'instant par petites touches. L'Opale a vendu des immeubles à Grenoble Habitat, qui devrait les réhabiliter ou les démolir pour reconstruire. Dans le but de créer des copropriétés, l'Office compte également céder une partie de son patrimoine aux locataires, après une légère réhabilitation.

Mais, l'appropriation du patrimoine de l'Opale par les habitants du quartier ne dépend pas de la seule propriété privée. La redistribution du bâti en petites unités résidentielles, distinguant nettement le caractère privé de l'habitat face aux espaces publics, y contribue fortement en marquant à la fois le paysage et les esprits. Le principe consiste à clôturer les îlots ainsi créés, avec des stationnements et des jardins privatifs pour les locataires du rez-de-chaussée. Par ailleurs, à l'intérieur de chaque îlot, le jardin collectif est bien identifié comme étant à disposition des seuls résidents. La primauté de l'appartenance à un îlot plutôt qu'à une cité est également affirmée par la présence d'un gardien d'immeuble, de comités de résidents participant à la gestion et des typologies d'habitat diversifiées. Ce dernier élément se traduit par la construction de maisons de ville et par l'application du principe : « un architecte pour chaque réhabilitation ». Les travaux sont financés par des crédits Palulos dont le taux, jusqu'à fin 2001, était de 40 %, celui des organismes en redressement financier. En meilleure posture financière en 2002, l'Opale ne bénéficiera plus de ce taux privilégié et devra donc réduire ses ambitions en terme de travaux, car le taux tombe à 25 %, celui des zones urbaines sensibles. Mais le programme de réhabilitation de Teisseire est déjà différencié en trois types d'investissements : certains bâtiments, notamment des tours dont on ne connaît pas encore le devenir, sont réhabilités à minima.

Jusqu'à présent, les démolitions d'immeubles n'ont servi qu'à recomposer la trame urbaine du quartier : ouvrir les rues et faciliter la circulation piétonne entre les espaces verts. Quelques rues seront créées pour supprimer les dédales et impasses caractéristiques de l'urbanisme des années 60. Ces nouvelles voies déboucheront sur les principaux axes de desserte que sont les avenues Teisseire et Paul- Cocat. Cette dernière, qui relie Teisseire aux autres quartiers, a été entièrement retraitée, avec des trottoirs bien marqués et des stationnements linéaires, comme en ville. Au croisement des avenues Jean-Perrot et Paul-Cocat, une place accueillera des commerces, la poste, la bibliothèque, d'autres services ou équipements culturels et sociaux. Ce nouveau pôle devrait favoriser le brassage entre les différents quartiers. Un nouveau centre social sera construit à côté du supermarché Atac. Celui-ci a refait sa façade, en l'ouvrant sur l'espace public. Pour Philippe Panerai, c'est un signe du changement d'état d'esprit entraîné par l'intervention sur le quartier et qui va dans le sens de sa conception du projet : non pas figé mais évolutif. « Dans dix ans, si le pari de la résidentialisation est gagné, on construira ici des logements plus grands et plus confortables », annonce-t-il.La transformation du quartier va se poursuivre, notamment par la création de liens avec les quartiers voisins. C'est l'un des grands enjeux du GPV Grenoble-Saint-Martin-d'Hères, qui rentre en application à partir de 2002 et pour cinq ans.

FICHE TECHNIQUE (page 144) :

Maîtrise d'ouvrage bâtiments : Opale et Grenoble Habitat

Maîtrise d'ouvrage espaces publics et voirie : ville de Grenoble

Maîtrise d'oeuvre : Philippe Panerai, urbaniste

PHOTOS PLANS :

Le GPV de l'agglomération, dont fait partie teisseire, entre en application en 2002.

Principaux projets : création d'une cité des métiers, d'une plaine des sports et des loisirs, amélioration des transports.

Différencier le foncier pour distinguer l'espace.

Le parc Schneider devrait être réalisé sur une ancienne friche industrielle.

Les 26 hectares du quartier teisseire appartenaient à un unique propriétaire : l'Opale. Grâce à des cessions successives, on devrait arriver à une répartition foncière plus diversifiée. cette clarification va permettre l'intervention sur l'urbanisme du quartier. Par exemple, de créer un cheminement piétonnier cohérent entre les différents espaces verts.

Greffe réussie à l'ilot des buttes.

Ci-contre, la rue Paul Cocat traitée sur un mode plus urbain. la réhabilitation de l'îlot des buttes terminée, on peut voir, ci-dessous, l'application des principes de résidentialisation. les locataires du rez-de-chaussée bénéficient de petits jardins privatifs. L'espace vert situé au centre de l'îlot est perçu comme un bien collectif de la résidence.

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