Groupements de négociants (3/5) : La gouvernance, collective par nature et par nécessité

Si la participation des négoces est indispensable au développement des groupements auxquels ils adhèrent, les distributeurs aussi la souhaitent. Voici le troisième volet de notre série qui donne la parole aux adhérents des groupements.

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Gouvernance des groupements
Gouvernance des groupements

Si les conditions d’achat ou l’offre de services dictent souvent l’adhésion à un groupement, les distributeurs sont de plus en plus sensibles au mode de gouvernance proposé. C’est même parfois l’une des causes de départ ou d’arrivée.

Désormais membre d’Algorel, le groupe Trapy, spécialisé dans la distribution de solutions électriques, a justement quitté son ancien groupement en raison d’un exercice du pouvoir qui, selon les termes de sa présidente, Karine Simon, « ne laissait pas de place à l’adhérent » : « Que ce soit au niveau du comité de pilotage, du conseil du directoire ou des différentes instances, nous étions peu écoutés dans les choix ou les interventions stratégiques. Or, la base de toute adhésion est la place laissée au distributeur au sein de la gouvernance. Si les décisions importantes en matière de PIM (Product Information Management) ou de logistique sont prises sans concertation, si l’aspect financier, notamment sur les BFA, est trop nébuleux, si l’assemblée générale est organisée en catimini au 3e sous-sol d’un hôtel, à quoi bon rester ? »

Karine Simon, dirigeante de Trapy Pro
Karine Simon, dirigeante de Trapy Pro Karine Simon, dirigeante de Trapy Pro

Même si cela semble aller de soi, le mode de gouvernance est indissociable de l’essence même des groupements. « Nous partageons les valeurs de ces réseaux et nous avons, dans l’éthique du travail, des dirigeants qui nous ressemblent, explique Camille Junet, directeur général de Groupe Junet, adhérent de cinq groupements.

Approche collaborative

Mais attention, « le mode de gouvernance doit être organisé le plus possible pour permettre aux adhérents de prendre des décisions en commun », estime Michel Leroux, président à la fois du négoce Millancourt et Nicolas et du conseil de surveillance de Gedicoop. Avant d’en arriver là, le dirigeant a participé à la commission publicité puis est devenu président de la région Nord, avant d’intégrer

le conseil de surveillance : « Il est important d’avoir une vision partagée, de mener des chantiers copilotés entre la centrale et les adhérents, d’être le plus possible dans la codécision. Le rôle d’un groupement n’est pas d’être vertical, mais avant tout collaboratif. »

La participation aux commissions est un marqueur de cette gouvernance. « Depuis 2023, grâce à la tête de réseau qui a développé une forme participative basée autour de projets et des commissions, j’ai intégré, avec trois autres adhérents, la commission communication, indique Damien Giraud (TLB Menuiseries, adhérent Batiman). Basée sur le volontariat, elle permet d’apporter nos idées issues de la réalité du terrain. »

Damien Giraud, adhérent Batiman
Damien Giraud, adhérent Batiman Damien Giraud, adhérent Batiman

De même, l’adhésion du groupe Trapy à Algorel début 2023 conforte Karine Simon dans son choix : « Nous sommes impliqués dans la négociation VIP avec Schneider et Legrand, et le directeur commercial va s’investir dans le groupe qui traite du programme de fidélité, tandis que je vais participer à celui qui s’occupe de la RSE. C’est notre première année d’adhésion et si nous assistons aux réunions, toutes participatives, nous nous engagerons encore plus

à partir de 2024. »

Question d’identité

Loin d’être un gadget, l’implication des professionnels à la vie du groupement est essentielle. « Nous sommes membres du conseil d’administration, de la Financière, prenons les décisions relatives à la plate-forme ; et les commissions libre-service, produits, informatique, etc., sont pilotées par les adhérents. Sans cela, et sans l’écoute attentive de l’équipe de la centrale d’achats, le groupement perdrait son identité », estime ainsi Guillaume Dumas (Sauvignet-Dumas), adhérent de France Matériaux.

Guillaume Dumas, président de France Matériaux
Guillaume Dumas, président de France Matériaux Guillaume Dumas, président de France Matériaux

Le tandem composé des adhérents et des fonctions support constitue la clé de réussite des groupements. « Les adhérents sont associés à tous les débats, à toutes les décisions. Si le directoire définit sa stratégie, celle-ci est soumise au conseil de surveillance »,

précise Jean-Marc Moreno, adhérent de BigMat.

Adhérent d’Eqip pour son activité bois-panneaux, Franck Quaireau, président de Bailly-Quaireau, apprécie cette implication : « Chaque adhérent tient son rôle, et certains sont engagés dans la même section depuis des années. » Eqip compte douze commissions, toutes gérées par les adhérents. Franck Quaireau et un autre adhérent se sont portés, appuyés par un permanent, sur les négociations avec les fournisseurs : « Je m’engage sur trois jours de négociations, à raison d’une heure par fournisseur. Je débriefe avec mon collègue sur les contrats. Nous disposons de tous les chiffres des adhérents, ce qui permet de discuter sérieusement avec chaque fournisseur, du marché comme des volumes à développer, etc. Nous sommes au service des intérêts des adhérents, avec un retour effectué par le permanent. Le fournisseur reçoit le contrat à la fin de l’entretien, toujours en lien avec des objectifs ou des regroupements d’achats. Franchement, ça se passe bien ! »

Du temps et des bénéfices

Qui dit engagement au sein de la gouvernance suppose de passer du temps. Or, cet investissement peut s’avérer vite chronophage, notamment pour les adhérents multigroupements. « Le seul effort est de multiplier par deux notre participation aux réunions et notre présence aux assemblées ! », souligne Sébastien Mufraggi.

Cet effort n’est pas vain. Comme Emmanuel Chéné, directeur général de Denis Matériaux (adhérent d’Algorel, de BigMat et de Tout Faire), le précise, « nous nous répartis¬sons les tâches entre les groupe¬ments. Ce serait chronophage si nous n’avions pas le sentiment d’en tirer un bénéfice. Nous ne pouvons pas vouloir une centrale de référencement, une négociation fournisseur, une plate-forme et de nombreuses informations sur la cybersécurité ou la RSE, sans y consacrer du temps ! » L’avenir des groupements ne s’écrira pas sans ceux qui les composent et les légitiment.

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