Cible des politiques de la Ville qui ont été successivement appliquées aux grands ensembles et aux cités, le plateau de Haye (12 200 habitants) est un territoire de 440 ha à cheval sur les communes de Nancy, Laxou et Maxéville. C’est l’un des sept sites sur lesquels la communauté urbaine du Grand Nancy a engagé une rénovation urbaine, mais à l’échelle de l’agglomération, dans une démarche solidaire et cohérente, pour un montant total de 496 millions d’euros. Le plateau de Haye comprend trois quartiers nés au cours des Trente Glorieuses : à l’ouest, Champ-le-Bœuf, à l’est, le quartier Les Aulnes, et au centre, le quartier du Haut-du-Lièvre dont le plan d’origine a été conçu par l’architecte Bernard Zehrfuss. Avec, au bord du plateau, les deux emblématiques barres du Cèdre bleu et du Tilleul argenté, longues de 400 et 300 m, qui dominent la ville historique.
Aujourd’hui, le plateau s’enrichit d’un jardin botanique forestier de 17 ha, intégrant dans sa partie sud une esplanade des sports. Une trame de rues et d’avenues accueille les nouveaux îlots de logements de la ZAC Solvay, aux typologies variées. Des jardins en forme de bosquets ont remplacé les parkings au pied des barres et tours. Le tout avec des prestations simples (enrobé, dalles et stabilisé au sol). En quatre ans (la convention Anru a été signée en janvier 2007), 100 ha d’espaces publics ont été créés, 700 logements aidés construits et 3 500 réhabilités.
Cette transformation radicale et rapide illustre la méthode d’Alexandre Chemetoff, architecte, urbaniste et paysagiste, chargé du schéma directeur d’ensemble. « Il fallait que les transformations aient un effet de masse suffisant, en un temps restreint, pour que chacun puisse en prendre la mesure », explique l’architecte. Le contexte a porté cette stratégie, avec l’acquisition de 80 ha sur les anciennes carrières Solvay, et l’accord, rapidement conclu, sur la clé de répartition des logements sociaux dans l’agglomération.
Déconstruction du merlon
Fidèle à une observation attentive du terrain, ce « constructeur de situations » cherche aussi à révéler les qualités du site. L’une d’elles : la trame forestière (25 ha), issue du préverdissement réalisé à la fermeture des carrières Solvay, mais coupée du grand ensemble par un merlon de 17 m de hauteur qui le protégeait des tirs. « Nous sommes sur un plateau à la lisière de la forêt de Haye, et c’est à partir de là que nous dessinons l’avenir de cette partie de la ville, » ajoute l’architecte. Premier acte symbolique fort, la déconstruction sélective du merlon, pour désenclaver le Haut-du-Lièvre. Suivie de travaux de terrassement colossaux (755 000 m3 de déblais, 635 000 m3 de remblais) pour élargir le site. Une gestion éclairée transforme aujourd’hui cette trame verte en un parc botanique forestier. « Les restaurations, constructions et aménagements pour le plateau de Haye proposent une autre façon de vivre en ville, à la lisière de la forêt », poursuit l’architecte. Une relation à la forêt, que chaque nouvel îlot de logements s’emploie à inventer dans ses vues, ses extensions (balcons, loggias) et ses cours arborées ouvertes sur les bois.








