Quand les sédiments portuaires riment avec économie circulaire

Déchets souvent ultimes, les sédiments de dragage posent problème aux gestionnaires de ports. Des expérimentations menées par le département de l’Hérault laissent cependant entrevoir des pistes de valorisation dans les travaux routiers.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
Le département de l’Hérault porte ainsi avec la commune de Marseillan, un projet abordant la problématique spécifique du dragage d’un port conchylicole, dans une logique d’économie circulaire.

Pour garantir un niveau d’eau suffisant aux bateaux, certaines collectivités doivent opérer des dragages : 50 millions de mètres cubes de sédiments marins et 6 millions de mètres cubes de sédiments fluviaux sont ainsi extraits chaque année en France.

Un casse-tête économique et environnemental comme l’explique Sébastien Pasquier, chargé d’opérations sur la gestion des ports au département de l’Hérault : « La destination des sédiments sortis de l’eau dépend de leur composition. Or, nos huit ports départementaux ayant essentiellement une vocation conchylicole, nous récupérons des sédiments très limoneux, chargés en matières organiques et en sel, ce qui exclut toute réutilisation notamment comme amendement agricole. »

Résultat : 80 à 90 % de ces déchets finissent au centre de retraitement de Bellegarde (Gard). « Par exemple, sur 3 000 m³ extraits du port du Barrou à Sète, une petite partie va servir au rechargement de plages ; le reste coûtera près de 500 000 euros en transport et stockage » poursuit Sébastien Pasquier.

Port conchylicole

La réglementation devenant de plus en plus contraignante, l’ardoise ne fera que grimper. Face à cet enjeu, la collectivité a répondu fin 2019, à un appel à projets de la Direction interrégionale de la Mer, associant l’Ademe, les régions Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse. Objectif : favoriser la mutualisation des opérations de dragage et valoriser les sédiments dragués. Au nombre des sept lauréats, le département de l’Hérault porte ainsi avec la commune de Marseillan, un projet abordant la problématique spécifique du dragage d’un port conchylicole, dans une logique d’économie circulaire.

En phase de recherche et développement, le bureau d’étude Hydrogéotechnique basé à Sallèles-d’Aude travaille actuellement à caractériser les sédiments et à trouver une formulation adéquate pour les mélanger ensuite à des substrats de coquilles d’huîtres et de la pouzzolane.

Aire de transit

« Les premiers résultats en laboratoire montrent qu’un traitement à la chaux fait baisser fortement les évolutions malsaines du matériau » souligne Sébastien Pasquier. Ces études, d’un montant de 110 000 euros subventionnés à 70 %, incluent une application test d’ici l’été : réfection de voirie, réalisation de merlon paysager ou autre. Dans un second temps, une aire de transit de sédiments doit voir le jour à Mèze, sur un délaissé de 1,2 ha qui serait mis à disposition gratuitement jusqu’en 2036 par Vinci Autoroutes, intéressé par le dépôt de boues issus de ses travaux autoroutiers. Restera à aménager ce terrain afin qu’il accueille les équipements nécessaires au traitement et au stockage des sédiments puis à le déclarer au titre des Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Ouvert aux sédiments des ports de plaisance autres que départementaux et à disposition des maîtres d’ouvrage, il offrira alors un double intérêt : rendre neutre le coût de l’opération de dragage et pallier la difficulté d’accès de la filière du BTP à la ressource minérale.

Abonnés
Baromètre de la construction
Retrouvez au même endroit tous les chiffres pour appréhender le marché de la construction d’aujourd'hui
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires