À quand un biopic sur le jardinier du Roi-Soleil ? Après tout, le paysage doit autant à André Le Nôtre que la musique classique à Mozart, la philosophie à Platon ou le rock aux Rolling Stones ! À l’heure où partout, à Versailles, à Chantilly ou à Vaux-le-Vicomte, le héros du jardin à la française est à la fête à l’occasion du 400 anniversaire de sa naissance, quel dommage que le Festival de Cannes ne révèle pas sur grand écran la vie du maître de la perspective paysagère… Le parcours de cet homme réputé pour sa bonhomie et son sens de la perspective mérite pourtant bien un long métrage !
Une formation pluridisciplinaire.
Fils et petit-fils de jardiniers des Tuileries, il voit le jour au début du xvii siècle au beau milieu de ce qui deviendra, quelques années plus tard, le jardin le plus fréquenté de Paris. Il fait ses classes à la Grande Galerie du Louvre, sous la houlette de Simon Vouet, spécialiste du dessin en perspectives et des effets d’optique, et de François Mansart, l’architecte. Une formation pluridisciplinaire que ce peintre contrarié va bientôt mettre au service de la nature, bien vivante. En 1637, Louis XIV lui garantit la survivance de la charge de son père comme jardinier du roi. Trois ans plus tard, il épouse Françoise Langlois, avec laquelle il aura trois enfants qui ne survivront pas, et c’est en 1643 qu’il est nommé dessinateur des plants et parterres de tous les jardins royaux. Après avoir fait ses armes dans différents jardins d’Île-de-France, il peaufine son art dans ceux de Nicolas Fouquet, à Vaux-le-Vicomte. Perspectives, bassins, cascades… Dans la propriété du surintendant de la cour, il met en place la quintessence de son art.
Un personnage historique.
Devenu conseiller du roi et contrôleur général des bâtiments du royaume après l’arrestation de Nicolas Fouquet, c’est en 1661 que Louis XIV lui confie l’aménagement des jardins de Versailles. Un chantier titanesque sur lequel il travaillera pendant un quart de siècle ! Dans ce lieu exceptionnel, symbole de la puissance du Roi-Soleil, tout est pensé pour le bon plaisir du souverain qui, à chaque instant, doit être sous le charme des trouvailles du « Grand Jardinier ». L’académicien Érik Orsenna, qui lui a consacré un ouvrage intitulé « Portrait d’un homme heureux », d’après un qualificatif dont l’aurait affublé le grand monarque, ne cache pas son admiration pour le paysagiste : « Versailles se prolonge par un marais puant. N’importe qui l’aurait asséché, il le transforme en grand canal. Il ouvre les Tuileries fermées par un fouillis d’habitations et de fortifications, et voilà les Champs-Élysées ! Pour chaque jardin, il déploie des idées différentes. Chantilly est incroyable : juste l’eau dialoguant avec le ciel ! » De quoi alimenter bien des réflexions sur ce Jardinier « hors normes » qui, quatre cents ans après sa naissance, n’a certainement pas encore livré tous ses secrets…
