Tributaires de l'activité de leurs clients, dont le bâtiment représente plus de 60% (contre 38% pour les travaux publics), les cimentiers ont encaissé en 2009 une chute de leur production de l'ordre de 15 %. La production avoisinant désormais les 18 millions de tonnes, soit des niveaux comparables à ceux du milieu des années 90. Cette baisse de production s'explique, selon Bruno Carré, président du syndicat français de l'industrie cimentière (SFIC), par le fait que les cimentiers ont dû produire moins afin de diminuer leurs stocks. Du coup, l'année 2010 s'est traduite par une très légère amélioration, les niveaux de stocks ayant été maintenus.
Légère amélioration en 2011
Même s'il reste très mesuré sur les perspectives d'activité de l'industrie cimentière pour l'année à venir, Bruno Carré table tout de même sur une légère amélioration en 2011 ("de l'ordre de 0 +, a-t-il indiqué"), tirée essentiellement par le logement neuf. Ce segment d'activité représentant à lui seul près de la moitié de l'activité Bâtiment des cimentiers, quand l'entretien-rénovation avoisine les 20%. "Ce secteur d'activité a mieux résisté que d'autres, malgré des chiffres négatifs, souligne Bruno Carré. Pour autant, l'impact demeure faible pour les entreprises de matériaux de construction comme les nôtres."
Déplacement des marchés
Le président du SFIC a également apporté quelques précisions sur les centres de broyage de ciment, qui font grand bruit depuis plusieurs mois. Il a ainsi tenu à distinguer deux types de projets. D'un côté, ceux des cimentiers, pour lesquels l'exode lourd de population entraînant l'exode d'infrastructures et donc de marchés, le choix a été fait de conserver leur production de Clincker dans le Nord, et d'installer des centres de broyage au plus près du marché ; à l'image de Vicat qui a installé son centre de broyage à Fos-sur-Mer (Bouches du Rhône). "Il s'agit là d'une relocalisation du dispositif aval destinée à être plus proche des clients", a souligné Bruno Carré.
Concurrence déloyale
Le second type de projet est celui de "start up" qui, à l'instar de Kercim à Saint-Nazaire, se créent pour importer du Clincker de pays non soumis aux allocations de quotas de CO2, comme la Suisse ou la Turquie, et le broyer sur les ports français. "Nous avons décidé de nous mobiliser afin que ce modèle économique artificiel, qui non seulement induit une distorsion de concurrence, mais encore provoque des fuites de carbones avec des transports supplémentaires, ne se développe pas", a indiqué Bruno Carré.
Aujourd'hui, si la "structure" Kercim est bel et bien créée, elle n'est en revanche pas encore active. D'autres projets ont également tenté de se monter sur le même modèle, à l'instar de Cap Vracs à Fos-sur-Mer qui n'a pu aboutir faute notamment de financement. "Le SFIC fera ce qu'il faut pour régler ces problèmes de distorsion qui risquent, à terme, de limiter les investissements dans l'Union européenne" a conclu le président du syndicat.