Aujourd'hui il se balade en Flandre, en Hollande ou ne manque aucune Equerre d'argent. Hier c'est avec son père, directeur de la conception à l'Epale (Etablissement public d'aménagement de Lille-Est) qu'il visitait régulièrement les chantiers de Villeneuve d'Ascq, rentrant les pieds pleins de glaise. Au lycée, ce basque d'origine et nordiste d'adoption, suit une section A3 (option histoire de l'art) et découvre avec sa classe des bâtiments comme la Villa Cavrois ou le musée Kröller-Müller. Etudiant à Lille, il se souvient d'une école d'architecture "bouillonnante" : "beaucoup de courants de pensée s'y opposaient. Ce n'est pas comme à Paris où chaque école avait son courant. Ici il fallait être capable de créer son propre parcours", dit-il. Et cela se voit aujourd'hui selon lui dans les différentes écritures de la production lilloise.
Emotions
Jérôme de Alzua profite d'Erasmus pour partir en Finlande, seul. Après les grillages de son université française, il découvre avec bonheur les bâtiments du campus d'Helsinki qu'"Alvar Aalto a posé comme des sculptures dans une forêt". "Ce séjour m'a énormément apporté au niveau du travail sur le paysage : c'est un des pays les moins denses du monde. Le rapport du bâtiment au sol y est très intéressant. Les Finlandais ont aussi une conception très douce des entrées", souligne Jérôme de Alzua. Sa plus belle émotion ? Une petite chapelle construite par l'architecte Heikki Siren à Espou. Pas d'accès frontal mais "un mur qui masque, une entrée dérobée, une baie vitrée donnant sur la mer". Pendant ses premières années de vie professionnelle - notamment chez François Delhay, Jean-Claude Burdese, Jean Nouvel et Massimiliano Fuksas - Jérôme de Alzua prend des vacances pour répondre à des consultations. Deux projets sont primés par EUROPAN 5 et EUROPANdom.
Un polar ? Oui. Et un passionné qui entasse sur sa table de chevet des livres d'architecture, de danse ou d'art contemporain, multipliant les ponts avec d'autres métiers. Entre la danse et l'architecture, un même objectif : "Créer de l'émotion en occupant l'espace". Jérôme de Alzua veut "créer du plaisir pour les gens qui parcourent le bâtiment". "J'aime aussi manger et faire à manger. Les architectes comme les cuisiniers nous sommes animés par la même notion de découverte et d'expérimentation", souligne cet excellent communiquant qui a profité d'une formation continue à l'école de journalisme de Lille.
Profession
En 2002 Massimiliano Fuksas l'incite à s'installer à l'occasion de la construction de l'Espace culturel d'Alfortville. Jérôme de Alzua fonde son agence à Lille et va s'associer avec Vanessa Barrois. Le contexte lillois est selon lui beaucoup plus favorable aux jeunes architectes que le marché parisien, très saturé. Sa place de lauréat des Nouveaux albums des jeunes architectes (Naja) lui ouvre les portes d'Euralille 2 pour l'opération du Bois Habité. Et l'architecte répond ensuite à des concours à la fois dans le Nord et le reste de la France, émergeant notamment parmi les six finalistes du Louvre-Lens.
L'agence compte aujourd'hui 20 collaborateurs. "On cherche des profils internationaux pour se développer à l'étranger", indique Jérôme de Alzua qui a lui-même a appris en Finlande à expliquer un projet en anglais. Il veut poursuivre ses interventions sur le plan national et s'intéresse aussi au bassin minier où il voit un peu de la Hollande : "un paysage magnifique, une belle densité".