"Jo New, funny guy" par Michel-Olivier Dayot, architecte

On s’étonnerait donc de la nomination de notre dandy national au célébrissime oscar américain de l’architecture ? N’oublions pas que Jacques Tati lui-même a été consacré en terre nouvelle, avant que par révélation critique il en fût banni pour oeuvre plus singulière.

Mais je doute fort que notre Jo reçoive par la suite les honneurs équivalents de Playtime. Il nous faudrait des visions plus pertinentes et Moscou a d’ailleurs parallèlement bien changé.

40 années ont conduit notre petit géant à la gloire, car c’est un enfant de 68, il ne faudrait pas l’oublier. Vous savez : l’imaginaire au pouvoir et comme tant d’autres trublions de son âge, il a vite compris ce double sens. Sans pouvoir…

Les cocos néo-modernes tenaient alors le pavé depuis Montreuil en leur bastion de l’AUA, pas vraiment sa tasse de thé, alors va pour le Syndicat de l’Architecture. Du béton faisons table rase, avec Seigneur François vive l’architecture plastique. Et hop un pauvre petit collège tant édité par des soins maternels. Vite fait au top model. Après, tout le monde connaît : les années 80, 90, 2000, etc . Un petit tour dans un monde sans fin.

Je l’aime bien moi, Jo. Il ressemble au docteur Denfer dans les parodies d’un autre James. Celui avec son moi minus. A la différence c’est que notre Jo en a plein. On ne pourra pas dire qu’il ait fait école, formé une armée d’architectes pour perpétuer son quelconque "message", car nul désir de transformer le monde, de produire un espace par trop commun.

Pas de la veine du Corbu, que des oeuvres bien incomplètes.

Jo est certes aussi UNIQUE, mais particulièrement dans l’éphémère.

Son combat est dans les hautes sphères. Ses partenaires d’échecs sont en Olympie. Zaha Hadid, Franck Gerry, Koolhass et autres spoutniks, qui nous observent depuis là-haut en notre sol bien trop crasseux. Ils préfèrent les musées pour bédouins énergétiques, les sociétés soap and swap brillantes, les jets dorés et les belles sportives étincelantes.

On n’a qu’une vie.

Corbu s’est fait jeter de l’ONU, l’OTAN nous ramène du vent.

Car Jo est en symbiose, Jo est l’exact représentant de son-notre époque d’où son "franc" succès. Jo a du charisme, Jo c’est notre Mitchirarko à nous, architectes, notre révolution lumineuse.

Car c’est l’heure du retour du halot divin, fi de cette lumière venue d’un soleil païen qui ne produit que des ombres, que ressurgisse celle de la plus haute renaissance, la redécouverte, la enfin redevenue "spirituelle".

Personne ne s’y trompe, c’est l’aube de tous les croyants.

Car Jo New-Denfer élève des cathédrales, des écrins pour les plus beaux joyaux, les plus belles richesses, les plus grands trésors de l’humanité. Jo s’occupe de la fin de ce monde, celui programmé par son mentor et philosophe autre Jo, Baudrillard, c’est du sérieux. Les guerriers du futur et ceux du présent le savent, le convoitent, l’encensent. Que Jo sauve leur planète d’urgence, vive le durable d’acier brûlant. Voici le projet ORACLE.

Que manque-t-il désormais à Jo sinon de rencontrer son ultime pharaon ?

J’imagine donc que dans ses cartons sommeillent déjà les plans de sa grande pyramide, où près de son Dieu révélé, il puisse en ce tombeau y projeter, à sa droite, les codes de sa nuit éternelle.

Dans ce seul avenir, puissent alors nos descendants rescapés de cette hélio cause programmée s’y soulager.

Ou bien... Sacré d’Jo, sacré farceur.

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