S’il est un domaine où l’innovation n’est pas un vain mot, c’est bien celui de la construction bois. Ce qui est remarquable, c’est que ce sont les PMI et PME du secteur qui innovent. Et elles le font en industrialisant les process et en poussant très loin la logique de la préfabrication.
De fait, les entreprises, mais aussi les artisans, ont pris conscience qu’il était nécessaire d’adopter des solutions de production permettant une plus grande maîtrise de la qualité, tout en augmentant la productivité. Laquelle a pour corollaire une plus grande adaptabilité de leur outil de travail pour répondre au mieux à leurs clients en termes de rapport qualité/prix – maîtrise voire baisse des coûts –, tout en maîtrisant les délais de chantier et en s’affranchissant des aléas du gros œuvre.
Résultat : le développement de solutions préfabriquées reproductibles, capables de s’adapter à chaque cas particulier. Ces procédés, véritables systèmes constructifs, s’inspirent, en la perfectionnant, des principes de la construction à ossature bois ou apportent de nouveaux produits panneaux ou blocs bois par exemple. Une évolution qui ne serait pas possible sans une industrialisation et une organisation poussée.
Quelques innovations
Panneaux ossature croisée en bois massif

Installée à Rumilly en Haute Savoie, Techniwood vient de réceptionner son nouveau centre d’usinage. Ce dernier lui permet de lancer la production d’un système constructif bois/isolant, le Panobloc® pour façades rideaux, qui intègre en usine les menuiseries, les parements et, à terme, l’ensemble des fluides.
A ossature croisée en bois massif, les panneaux sont constitués d’un empilage de plis croisés à 90°, collés entre eux. Chaque pli est composé d’une alternance de lames de bois et de matériau isolant. Plusieurs configurations sont possibles en variant le nombre de plis (5, 7, 9 et 11) et le type d’isolant.
Un procédé pour lequel vient d’être accordé une Atex (Appréciation technique d’expérimentation) du Cstb. A terme, le fabricant souhaite décliner le système pour des applications en structure (mur, plancher, panneaux de sous-toiture).
L’innovation porte également sur le process industriel : soit un centre d’usinage 6 faces sans retournement de panneaux ni manutention, avec une panneauteuse combinée, une presse de calibration numérisée de 750 t de poussée, un complexage allant jusqu'à 5 matières différentes en simultané…
Mur bois fermé optimisé

PME installée en Charente, Action bois Construction a une démarche d’optimisation des process pour la conception et la réalisation en atelier de parois « Murs fermés » livrées sur les chantiers isolés avec : le pare vapeur – non manipulé lors du montage –, l’ITE – première couche de sous-enduit ou bardage –, les menuiseries étanchées, l’appui, les tableaux, le garde-corps et le volet.Si cela se justifie, certains éléments sont livrés sous forme de modules tridimensionnels.
Ici, l’innovation porte peut-être davantage sur le mode opératoire et l’organisation que sur le mode constructif et le centre d’usinage (table basculante télescopique) qui, tout en étant efficaces, restent classiques. De fait, cette réflexion a pour objectif de sortir du prototypage, à l’origine de dérapage et de malfaçons, pour aller vers la standardisation. Mais uniquement la standardisation de ce qui ne se voit pas.
Outre l’aspect qualitatif, l’objectif est aussi de faire baisser les coûts de façon à proposer des constructions passives au prix de la RT2005.
Bloc bois isolant précontraint

Construire avec du bois comme avec des parpaings, c’est ce que propose la société Woodway dans le Cantal (12). En collaboration avec l’école des Mines de Saint-Etienne, cette PME développe un système constructif bois (Batipack) de type bloc, pour la réalisation de murs porteurs isolants. Un procédé qui aura bientôt un Avis technique du CSTB.
Le concept ? Des blocs composés d’un caisson menuisé en OSB4, intégrant une isolation en laine de roche, assemblés entre eux par emboîtement, avec vissage et câbles de précontrainte. Un système de tenségrité qui stabilise, répartit et équilibre les forces de tension et de compression sur l’ensemble de la construction.
Manuportables, ils ne requièrent aucun moyen spécifique de levage, sauf ceux utilisés habituellement sur un chantier. La livraison et le stockage ont été pensés de façon qu’aucun des blocs ne dépassent la taille standard d'une palette Europe.
Murs bois industrialisés tridimensionnel

A l’origine du projet Sybois, un groupement : celui de l’entreprise CMB, du groupe Millet, du cabinet d’architecture Triade, assistés du bureau d’études fluides ACE.
Le procédé développé, qui bénéficie d’un Pass Innovation délivré par le Cstb, consiste en des éléments préfabriqués en usine. Lesquels sont constitués par assemblage d’un panneau OSB de contreventement, d’un isolant et de montants de poutres en I de 60 x 300 mm qui forment l’ossature et permettent la reprise des charges. Un procédé industrialisé de mur tridimensionnel qui s’affranchit du film pare-vapeur intérieur et utilise comme isolant la ouate de cellulose insufflée en usine.
La préfabrication avec intégration en atelier des menuiseries permet de réaliser une pose sans les aléas de chantier, d’où un calfeutrement des menuiseries sans silicone. Un concept industriel qui s’adapte à chaque projet et laisse une grande liberté dans les choix architecturaux et les finitions.