L'assainissement complet et définitif de la décharge chimique de Bonfol, petite commune du Jura suisse proche du Haut-Rhin, devrait débuter en 2002 et durer au moins cinq ans. Ce calendrier découle de l'accord-cadre, signé mardi 17 octobre à Délémont, entre la BCI, organe représentatif de la chimie bâloise (1) et le canton du Jura.
Cinq ans de travaux à partir de 2002
Après plusieurs mois de polémique, cet accord formalise le rapprochement observé avant l'été entre la chimie, le canton et Greenpeace.
Estimé à environ 133,38 millions d'euros (environ 875 millions de francs français), l'assainissement des 114 000 tonnes de résidus chimiques sera réalisé « dans les meilleurs délais », soit un minimum théorique de cinq ans à partir de 2002.
La préparation du chantier est primordiale. Son mode opératoire sera présenté, au plus tard en avril, par la société d'ingénierie BMG.
De nombreuses questions en suspens
Si l'on s'oriente probablement vers l'excavation puis l'incinération des résidus et le traitement thermique des terres les moins contaminées, plusieurs questions restent en suspens. Il faut notamment à définir la gestion du chantier (déléguée ou en régie propre), l'assurance d'une sécurité maximale des ouvriers et des riverains, le lieu (probablement en France ou en Allemagne) et les modalités du transport des déchets. Cette étude est suivie par un comité de quatre experts de la BCI et du canton.
« La BCI reste décideur, puisqu'elle est responsable », remarque Franziska Ritter, responsable du dossier pour l'industrie chimique. Mais le canton, compétent en matière de site contaminé, aura évidemment lui aussi son mot à dire.
La transparence est à l'ordre du jour. Un comité local d'information et de suivi mis en place avant la fin de l'année réunira « entre trente et cinquante membres » des associations écologistes, des syndicats et des autorités. La France y sera représentée.
« On sent un début d'intérêt du côté français », remarque Pierre Koehler, le président du gouvernement jurassien. Le cas de Bonfol intéresse au-delà de la frontière, puisque le sud de l'Alsace recèle d'autres décharges léguées par la chimie bâloise. Sur cette question, Franziska Ritter reste prudente : « Bonfol est un cas particulier. Les autres sites doivent être examinés un par un. Pour certains, nous sommes en train de trouver des solutions techniques avec les autorités françaises. »
(1) La BCI regroupe les grands noms de la chimie bâloise : Ciba Spécialités Chimiques, Clariant, Novartis, Roche, Henkel et Schweizerhall.
PHOTO : Située à la limite de partage des eaux entre les bassins Rhin-Meuse et Rhône-Méditerranée, la décharge de Bonfol, contenant des résidus déposés entre 1961 et 1976, fait craindre une contamination de la nappe phréatique.