La gestion technique se raccorde au smart grid

Flexibilité énergétique -

L’équilibrage en temps réel du réseau électrique va reposer sur la participation active des bâtiments résidentiels et tertiaires qui vont devoir moduler leur consommation. Un défi pour la gestion technique.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
PHOTO - 719481.BR.jpg

«La GTB, c’est terminé ! », lance Serge Le Men, président de l’association SBA (Smart Building Alliance). Une disparition qui n’émeut pas vraiment ce spécialiste de l’automatisation des bâtiments. « Ce qui va se passer, c’est que le lot ‘‘ gestion technique du bâtiment ’’ (GTB) va devenir le lot smart sans que les bureaux d’études techniques aient le temps de dire ouf ! » Par smart, Serge Le Men entend intelligence du bâtiment, formule déjà ancienne mais qui s’inscrit à présent dans un contexte élargi, celui du quartier, de la ville et de ses infrastructures énergétiques.

Jusqu’à présent en effet, la GTB avait pour seule vocation le pilotage des bâtiments : elle ne se préoccupait pas des événements extérieurs. Avec le développement des productions éoliennes et photovoltaïques (variables d’une minute à l’autre) et les risques de déséquilibre offre/demande qui en résultent sur le réseau EDF, ce dernier exige chaque année un peu plus de doigté pour éviter les situations de black-out. Un doigté synonyme d’intelligence non seulement sur ce réseau, rebaptisé alors smart grid, mais aussi chez les consommateurs et, par conséquent, dans les GTB.

« Le bâtiment représente 60 % de la consommation électrique nationale. Pour qu’il s’intègre au smart grid et entre dans le système de l’effacement, c’est-à-dire de baisse ou de suppression de la puissance consommée suite à une sollicitation extérieure (demand response), il faut le rendre pilotable », explique Marc Petit, professeur à Supélec. Et de citer les principales cibles visées par cet effacement : les postes chauffage, ventilation et climatisation. Dans tous les cas, il va falloir installer des équipements de contrôle-commande adaptés, des sous-compteurs communicants, des capteurs, des réseaux, et surtout analyser la flexibilité énergétique des bâtiments - quelle puissance effaçable et pendant combien de temps. Voire optimiser cette flexibilité dès le début des projets en jouant sur l’inertie thermique, la production locale d’énergie et la capacité de stockage.

Problèmes de communication

« L’idée est de consommer mieux, c’est-à-dire au bon moment, en modulant ce qui peut l’être sans créer d’inconfort pour les occupants », résume Joris Gaudion, directeur Solutions smart buildings & écoquartiers de Schneider Electric. En moyenne, cette flexibilité serait de 10 à 20 % de la puissance souscrite dans le tertiaire, soit 100 kW environ par tranche de 10 000 m² dans le tertiaire. Une puissance sans commune mesure avec celle des gros industriels et qui oblige donc les immeubles à se regrouper et à dialoguer - on parle alors d’agrégation - pour atteindre et garantir à l’instant « T » les 5 ou 10 MW à partir desquels la capacité d’effacement commence à présenter une réelle valeur commerciale pour l’agrégateur (Voltalis, Energy Pool en France) ou l’opérateur. « Chez Schneider, nous avons au catalogue une GTB et une plate-forme d’agrégation technique qui sont compatibles de façon native », précise Joris Gaudion. Dans ce cas, le dialogue est immédiat et on peut donc parler de GTB « smart grid ready ».

La communication n’est toutefois pas toujours aussi simple. « Quand la GTB est ancienne et/ou basée sur des protocoles propriétaires et malgré le fait qu’elle puisse (éventuellement) être sur IP, l’accès au smart grid nécessite une migration du système vers des protocoles ouverts afin de s’y connecter, car IP ne résout pas tout », constate Teddy Caroni, directeur marketing du fournisseur de matériels B.tib. De l’avis général, la contribution du bâtiment au smart grid n’est d’ailleurs pas tant un défi en termes de matériels à installer que de données à transmettre, à harmoniser et surtout à traiter. C’est aussi ce qui ressort des expérimentations présentées dans ce dossier.

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 719481.BR.jpg PHOTO - 719481.BR.jpg

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 719482.BR.jpg PHOTO - 719482.BR.jpg
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires