La Première ministre Elisabeth Borne a reconnu, au Congrès des maires et présidents d’intercommunalité de France le 24 novembre, la nécessité de « territorialiser » et « différencier » les objectifs de sobriété foncière fixés par la loi Climat et résilience.
« Que le gouvernement travaille sur le ZAN avec l’Association des maires de France (AMF) et son président David Lisnard, c’est une bonne nouvelle, commente Olivier Salleron, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB). De son côté, la FFB est au plus près des conseillers de la Première ministre sur le sujet. Il faut supprimer le Z de ZAN. C’est du bon sens. »
Grégory Monod, président du Pôle Habitat de la FFB, ajoute : « Nous sommes tous conscients des enjeux. La sobriété foncière est déjà à l’œuvre depuis 2010. La consommation des sols a été réduite de 34%. Nous n’avons pas attendu le ZAN. C’est la société qui le voulait. »
« Nous sommes satisfaits du discours, qu’il faut désormais transposer en acte, réagit de son côté Franck Petit, directeur de l’habitat neuf chez Procivis. Territorialisation doit être entendu comme ce que Provicis demande : un zonage lié au bassin d’emploi et à la proximité des transports publics. Cela ne veut pas dire que nous voulons continuer d’artificialiser partout. Nous voulons construire de façon plus intelligente en exploitant au maximum les friches industrielles, commerciales, de logements… »
« Discours moins draconiens »
Les propos d’Elisabeth Borne confirment ceux du président de la République Emmanuel Macron et du ministre de l’Economie Bruno Le Maire aux 24H du Bâtiment. « L’ensemble des acteurs, professionnels du bâtiment et élus locaux, ont entendu un message très cohérent, en continuité avec les discours moins draconiens sur la consommation des espaces des ministres de la Transition écologique Christophe Béchu et du Logement Olivier Klein », rappelle Franck Petit.
« Le discours gouvernemental change, note Grégory Monod. De la Première ministre au ministre du Logement, ils parlent de bombe sociale du logement et disent qu’il faut construire. Mais ça n’ira pas mieux dès demain. Des constructeurs de maisons vont certainement disparaître en 2023. Ceux qui ont commencé leur mue, vers plus de rénovation, réhabilitation, non-résidentiel… seront épargnées. D’autres vont réduire la voilure. »
Et Olivier Salleron de compléter au sujet des promoteurs : « Les défaillances seront plus nombreuses. Je dis aux entreprises qui ne font que du neuf collectif : diversifiez-vous. »
« Les Français ne veulent plus de grandes parcelles »
Pour les territoires ruraux, pour lesquels maintenir des constructions est indispensable pour faire vivre leurs villages, la Première ministre assure vouloir « garantir que toutes les communes rurales puissent bénéficier d’une possibilité de construction, en particulier lorsqu’elles ont peu construit par le passé ». « Il faut comprendre que si des communes ont peu construit, il sera possible d’améliorer la densité. Et c’est tant mieux car certes les Français ne veulent plus de grandes parcelles, mais la France agricole et des services a besoin de se loger », observe Franck Petit.