Dynamic Infrastructure veut utiliser l’IA pour inspecter les ponts

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Une start-up basée à New-York et à Tel-Aviv propose une solution basée sur l’intelligence artificielle pour ausculter les ouvrages d’art et les tunnels.

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Pont_effrondré
Un pont effondré

Déjà largement utilisée dans le milieu médical, la mode ou encore le marketing, l’intelligence artificielle arrive à présent dans le domaine de la surveillance des infrastructures.

Depuis peu, la start-up « Dynamic Infrastructure » propose ses services aux gestionnaires et aux exploitants de ponts et de tunnels.

Exploitation de relevés numériques

Au lieu de recourir à une intervention humaine pour effectuer le diagnostic d’un ouvrage, la jeune pousse utilise un logiciel. Son algorithme passe au peigne fin les images issues de smartphones, de drones ou de balayage laser, autant de relevés numériques qui fournissent des informations sur l’état d’un ouvrage d’art ou d’un tunnel.

« Notre technologie compare les images archivées aux nouvelles, détectant ainsi les problèmes d'entretien et d'exploitation, les défauts et les anomalies », précise la start-up. Un travail d’analyse qui permet d’obtenir un diagnostic général de l’état de l’infrastructure.

« De la même façon que l’imagerie l'IRM pour les humains, nous créons un dossier médical pour chaque ouvrage, qui sert de base de travail. Si un problème est détecté, notre système alerte en temps réel le gestionnaire », assure-t-on chez Dynamic Infrastructure.  L’entreprise, basée à New-York et à Tel-Aviv, pourrait un jour faire des émules en France.

Peu de bases de données en France

La conversion au tout-numérique dans l’Hexagone ne semble cependant pas être pour demain, n’en déplaise aux adeptes des nouvelles technologies. « Le concept d’intelligence artificielle repose sur l’idée qu’un logiciel apprenne en mobilisant les informations issues de bases de données. Cela suppose d’avoir un grand nombre de relevés numériques, qui plus est en 3D, à l’intérieur de ces bases. Or, c’est loin d’être le cas puisque, en France du moins, la plupart des relevés sont encore réalisés par des êtres humains », rappelle Philippe Jandin, directeur de projets au Cerema Infrastructures de transport et matériaux.

En effet, si les tunnels sont désormais tous équipés de caméras de surveillance et de capteurs pour des raisons de sécurité incendie, les ponts, eux, ne sont pas tous instrumentés. Certains d’entre eux commencent à peine à être inspectés à l’aide de drones.

Dans ce domaine, la procédure de sécurité qui est appliquée pour le suivi des grands ouvrages s'inspire de l’instruction technique pour la surveillance et l'entretien des ouvrages d'art (ITSEOA). Ce fascicule rend l’intervention d’un individu obligatoire, souvent pour des raisons justifiées, comme l’estime Bruno Godart, directeur adjoint international du département matériaux et structures à l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (Ifsttar) : « l’inspection humaine permet de nettoyer le parement, mais aussi de le sonder, en utilisant par exemple un marteau. A ma connaissance, aucun drone n’est aujourd’hui capable d’effectuer un tel sondage », relève l’expert

Encore au stade de la recherche

Dans le domaine de l’inspection des ouvrages, l’intelligence artificielle pourrait néanmoins avoir son utilité. « Il peut y avoir des applications intéressantes à terme, par exemple pour les structures en maçonneries dont les appuis se seraient tassés, ou pour un pont dont les haubans vibrent beaucoup sous l’effet du vent, car ce sont des inspections qui nécessitent une expertise visuelle uniquement », imagine Bruno Godart. « Mais l’usage ne pourra pas convenir à tous les cas de figure. Ce système ne sera par exemple pas pertinent pour les défauts cachés présents à l’intérieur des structures ».

L’usage de l’intelligence artificielle n’aurait ainsi pas pu aider à prédire des incidents comme celui du pont de l’Ile-de-Ré, où le défaut de câble qui a conduit à la rupture d’un hauban n’était visible ni à l’œil humain, ni par un drone. Il n’aurait pas non plus prédire la catastrophe du pont de Mirepoix-sur-Tarn, où c’est un problème de gabarit de camion qui a vraisemblablement été à l’origine de l’effondrement.

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