La terre crue est l'un des matériaux qui a été parmi les plus utilisés dans la construction, et ce sur la planète entière. C'est aussi celui qui a probablement le plus souffert au siècle dernier de l'industrialisation et de la perte des savoir-faire. C'est de la terre crue dont il s'agit: adobe, pisée, torchis, enduits, autant de techniques et de modes constructifs qui ne demandent qu'à revivre. D'autant que le matériau est aujourd'hui totalement en phase avec les préoccupations environnementales du moment : peu ou pas de transport, peu ou pas de consommation d'énergie grise, des qualités d'inertie et de régulation de l'humidité.
Béton de terre crue
Ce n'est donc pas un hasard, si sur le plan de la recherche et du développement, le matériau terre crue est ausculté de très près. Depuis longtemps, le Centre international de la construction en terre - école nationale supérieure d'architecture de Grenoble (CRATerre - Ensag) s'y intéresse. Aujourd'hui les ingénieurs cherchent à déterminer la relation entre les phénomènes de condensation et d'évaporation au sein du matériau. La question qu'ils se posent : la terre crue est-elle un matériau à changement de phase ? Des expériences sont également conduites pour couler la terre crue à l'état liquide comme un béton. Il s'agit là de recherches sur l'influence de la dispersion des argiles sur la rhéologie du matériau. Autre laboratoire à s'intéresser à la question : le Laboratoire matériaux et durabilité des constructions - université de Toulouse (LMDC) qui a lancé, en collaboration avec les Compagnons du devoir, le projet Tercruso. L'objectif ? Apporter, entre autres, les preuves scientifiques du bien-fondé de la construction en terre crue (environnement et santé, FDES, confort...) ou encore proposer des essais et procédures pour la caractérisation des produits en terre crue. Un pas vers la normalisation.
Règles professionnelles
Si le matériau ne manque pas d'atouts, il souffre encore aujourd'hui d'une absence de reconnaissance. Les savoir-faire, transmis oralement, ne sauraient suffire à rassurer maîtres d'ouvrage et maîtres d'œuvre. C'est pourquoi les professionnels du secteur, à l'image de ce qui a déjà été fait pour la construction à base de chanvre (1), souhaitent établir des règles professionnelles. Lesdites règles s'intéressant à toutes les techniques connues de construction en terre crue : pisée, adobe, enduits...Il s'agit de préserver et d'entretenir le patrimoine existant, tout en créant les conditions de développement de ces techniques et en favorisant les conditions d'assurabilité des ouvrages.
(1) Les règles professionnelles d'exécution d'ouvrage en béton et mortier de chanvre sont actuellement en cours de révision et à nouveau considérées par la C2P comme technique non courante.
Pour en savoir plus
Centre technique de matériaux naturels de construction (CTMNC)
Association nationale des professionnels de la terre crue (Asterre)
Laboratoire matériaux et durabilité des constructions Université de Toulouse (LMDC)