La véritable reconstruction post-tsunami n'a pas débuté en Indonésie

Plus de 135 jours après le tsunami qui a frappé l'Indonésie, la majeure partie des milliards de dollars d'aide promis n'est pas encore disponible et sur le terrain la reconstruction lourde n'a pas commencé.

Plusieurs raisons expliquent cela: la bureaucratie indonésienne, les longs déblocages de l'argent public dans les pays donateurs, le laborieux montage des projets d'assistance.

"Tout le monde a tellement peur des détournements de fonds que chacun cherche les solutions les plus sûres", souligne un diplomate occidental à Jakarta.

Depuis la catastrophe du 26 décembre 2004, qui a tué plus de 165.000 personnes et ravagé des centaines de kilomètres de littoral, de nombreuses ONG étrangères et agences de l'Onu s'activent au nord de l'île de Sumatra. Elles soignent, nourrissent, éduquent, rebâtissent parfois des habitations.

Mais les gros programmes d'infrastructures, les plus longs et les plus chers, restent à faire. Jakarta a estimé le coût de la reconstruction de la province d'Aceh à 4,78 milliards de dollars.

"Les routes? Il n'y a pas de route actuellement en construction. Les ponts? Il n'y a pas de pont actuellement en construction. Les ports? Il n'y a pas de port actuellement en construction", a lancé lundi Kuntoro Mangkusubroto, le directeur de l'Agence de réhabilitation et de reconstruction d'Aceh et Nias (BRR).

Il a ajouté que la reconstruction d'Aceh était "proche de zéro" et que la réhabilitation d'Aceh était "également pas loin de zéro".

Le BRR est un organisme créé fin avril - quatre mois après le tsunami - par le président indonésien, qui a placé à sa tête Kuntoro Mangkusubroto, un ancien ministre réputé intègre. L'Indonésie est régulièrement classée comme l'un des pays les plus corrompus du monde.

Aussitôt nommé, M. Mangkusubroto a critiqué les délais imposés par le gouvernement, qui selon lui "ne sait pas ce que c'est que l'urgence".

L'Indonésie souhaite voir figurer à son budget certains fonds d'aide internationaux, ce qui implique un passage devant le parlement et donc une disponibilité des fonds, d'après le directeur du BRR, pas avant septembre.

Kuntoro Mangkusubroto a toutefois rappelé que les "milliards de dollars ont été promis mais ne sont pas (encore) disponibles".

Poids lourd parmi les donateurs, l'Union européenne (UE) n'a ainsi pas encore versé sa contribution de 200 millions d'euros à l'Indonésie. Cet argent ne sera libéré qu'une fois que le Parlement et le conseil des ministres européens auront donné leur accord, ce qui devrait être fait d'ici juin.

L'UE, comme d'autres pays (Pays-Bas, Norvège, Suède, Danemark, Royaume-Uni, etc) a choisi d'alimenter un vaste fonds fiduciaire de 500 millions de dollars, administré par la Banque mondiale.

Ce fonds contient pour l'heure... 25 millions de dollars, soit uniquement la contribution de la Banque mondiale, a indiqué à l'AFP son directeur pour l'Indonésie, Andrew Steer.

Il a expliqué que la totalité de la somme n'était pas immédiatement nécessaire, vu la longueur des procédures pour les gros projets, avec appels d'offre et études préalables. Au final "il y aura de la place pour tout le monde" vu l'ampleur des chantiers, a-t-il assuré.

D'autres pays comme la France, le Japon ou les Etats-Unis ont choisi de financer directement des programmes d'assistance, en s'appuyant sur les centaines d'ONG sur place.

Mais de nombreux crédits privés ou publics, notamment certains débloqués par des régions ou des départements en Europe, restent encore sur des comptes à l'étranger en attendant de trouver une affectation utile en Indonésie.

Sébastien Blanc (AFP)

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