A Gênes, six mois se sont écoulés depuis l'effondrement du viaduc Morandi, qui a fait 43 morts. Des milliers de tonnes d'acier, de béton et d'asphalte ont déjà été retirées de la zone où ce viaduc autoroutier s'était en partie effondré. Ce 8 février au matin, une nouvelle étape a débuté : l'opération, délicate, de démolition du pont.
Quatre puissants vérins positionnés sur le viaduc grâce à une énorme grue sépareront une portion de la route suspendue dans les airs, longue de 36 mètres et large de 18 mètres. Ces vérins devront sécuriser la descente, 48 mètres plus bas, des quelque 900 tonnes de cette portion de route.
Cette première phase doit durer au moins huit heures. Le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, a fait le déplacement dans la matinée pour assister à cette opération, encore symbolique eu égard à la taille de ce viaduc long de plus d'un kilomètre. Elle permet cependant à la ville portuaire de Gênes d'entrevoir la perspective d'un retour à la normale.
Six mois pour le démantèlement
Le démantèlement complet du pont devrait durer au moins six mois, a prévenu le secrétaire d'Etat aux Transports, Edoardo Rizzi. L'opération est d'autant plus délicate que ce pont suspendu chevauche en partie des habitations, bien que les immeubles sous le pont soient condamnés, et une voie ferrée.
C'est l'architecte Renzo Piano qui aura la charge de reconstruire le viaduc. Ce natif de Gênes, qui a accepté de s'occuper de ce projet gratuitement, a promis que le nouvel ouvrage durerait au moins 1 000 ans. Résolument différent du pont Morandi, le "pont Piano", en acier et béton, aura "quelque chose d'un bateau, parce que c'est quelque chose de Gênes", avait expliqué son concepteur en décembre.
Il comptera 43 lampadaires en mémoire des 43 personnes qui ont péri dans l'accident. La construction du pont, d'un coût estimé à 202 millions d'euros, sera menée par un groupement d'entreprises comprenant Salini-Impregilo, Fincantieri et ItalFerr. Le gouvernement entend à termes présenter la facture au concessionnaire de l'autoroute, la société Autostrade per l'Italia (Aspi). Mais le ministre de l'Economie a d'ores et déjà annoncé le déblocage de 60 millions d'euros pour la reconstruction.
Ouverture en 2020
Ce nouveau viaduc devrait être ouvert à la circulation en avril 2020, a promis le secrétaire d'Etat aux Transports, soulignant que de fortes pénalités étaient prévues par contrat en cas de dépassement des délais.
L'ancien pont, fait de béton et de câbles d'acier eux-mêmes recouverts de béton, avait été inauguré en 1967. L'une des explications avancées par les enquêteurs réside précisément dans cette couverture de béton qui aurait pu masquer la corrosion de l'acier des câbles. La partie est du viaduc, où se trouve la portion effondrée, est toujours scruté par les experts qui cherchent à comprendre les raisons du soudain effondrement et à déterminer les éventuelles responsabilités.
Plusieurs bâtiments se trouvaient sous cette portion, dont certains ont été ensevelis sous les décombres et d'autres évacués. Le concessionnaire, Aspi, a été mis en cause et plusieurs de ses dirigeants sont sous le coup d'une enquête judiciaire, alors que plusieurs ministres ont menacé de lui retirer la concession.