En l'absence de statistiques officielles, les estimations sur le marché français de l'isolation thermique par l'extérieur (ITE) ont de quoi donner le tournis à certains acteurs des matériaux de construction. Pourtant, avec ses quelque 5 à 6 millions de m² posés par an, l'Hexagone pointe bon dernier de la classe en Europe. Rien à voir face aux 40 millions de m² qu'installent tous les ans les entreprises d'outre-Rhin - leader sur le Vieux Continent - ou aux 38 millions de leurs voisins polonais. Même l'artisan slovaque fait mieux que ses confrères français, avec 6,3 millions de m² en 2008. Pourquoi un tel retard ? « Outre l'inertie des habitudes constructives, les réticences architecturales pour raisons esthétiques, la technologie des isolants sous enduits minces (plus de 60 % de PdM) a souvent été associée à l'habitat social et souffre encore d'une mauvaise image. Sans compter le poids de certains lobbies industriels ! On a fait plus de 42 millions de m² de plancher sous isolation intérieure... pour rien », peste Gérard Fleury, consultant pour le cabinet TBC. « Il ne faut pas diaboliser les techniques par l'intérieur, temporise Yves Baum, secrétaire général du Groupement du mur manteau (G2M). Avec environ 700 000 logements à rénover par an pour se plier au plan Bâtiment du Grenelle, il y a de la place pour tout le monde. » D'autant que, « dans le neuf, les cémistes entre autres s'intéressent de plus en plus à ces complexes pour référencer en catalogue des maisons BBC via l'ITE », observe Laurent Galloux, à la tête du pôle enduits chez ParexLanko.
Article paru dans Négoce - 1er mai 2009