«Au niveau de la réalisation, la Syrie, ce n’est pas la Suisse mais cela n’empêche pas pour autant le lycée de fonctionner, même aujourd’hui alors qu’il y a la guerre », témoigne Yves Lion, architecte du lycée français de Damas (livré en 2008) dont les classes vont de la maternelle à la fin du secondaire. Pour preuve, une bombe y a été larguée en décembre 2013 mais, par une chance providentielle, elle s’est écrasée sur l’une des cheminées en béton armé qui émergent à 10 m au-dessus des bâtiments, sauvant ainsi les enfants syriens qui se trouvaient encore là (l’établissement s’étant vidé de ses élèves français). Car la particularité de ce lycée réside dans son dispositif de ventilation naturelle par cheminées solaires qui accélèrent la circulation de l’air : un système séculaire en pays arabe, vis-à-vis duquel le personnel français du lycée a montré une certaine réticence jusqu’au moment où un enseignant syrien a apporté un thermomètre qui a indiqué un abaissement de la température intérieure de 7 à 8 °C.
Malgré un chantier rustique et difficile, réalisé par une entreprise syrienne à la main-d’œuvre sous-payée et trop peu qualifiée, l’engagement des acteurs a été total, porté par un fort désir de voir l’ouvrage se réaliser : depuis la maîtrise d’ouvrage, représentée par un ambassadeur très présent, en passant par les bureaux d’études techniques, les architectes locaux, venus du Liban voisin, jusqu’aux ouvriers qui ont fait preuve de beaucoup de patience et de détermination. « Une situation que l’on rencontre trop rarement en France », souligne Yves Lion.




