Michel Degrelle, directeur général, conclut la réunion des chefs de service :
- Bon, nous sommes bien d’accord ! Nous arrêtons les dates des 8, 9 et 10 mars pour nos traditionnelles journées promotionnelles du « Printemps des affaires ». Comme à l’accoutumée les agences devront être opérationnelles soixante-douze heures auparavant ! Encore un point important avant que nous nous quittions. Pas un mot de tout ce qui vient d’être dit ne doit filtrer avant la fin février. Bernard Blugeon se penche discrètement vers Jacques André, le responsable du marketing achat : - Degrelle nous prend pour des irresponsables ! Pense-t-il vraiment que nous allons divulguer notre plan d’action commerciale sur la place publique ? André lui lance un regard moqueur. - Non, mais chat échaudé craint l’eau froide. Il y a quelques années, nous nous sommes fait prendre de vitesse par un concurrent lors d’une opération choc sur les prix. Il était trop bien informé des détails de l’action. Signe que l’un d’entre nous avait parlé ! Fréderic Chareton, le plus ancien des directeurs d’agence, demande la parole : - Discret bien sûr, mais il faudra bien qu’on explique notre plan à l’agence de pub, à quelques clients importants et aux fournisseurs ? Degrelle ne dissimule pas son agacement : - Les fournisseurs, j’en fais mon affaire. Mais dites à vos commerciaux d’être plus discrets qu’à l’accoutumée. Notre promotion doit prendre la concurrence par surprise. A cet instant, Serge Boutemy, le directeur commercial, intervient : - A propos d’indiscrétion, j’ai un problème à vous soumettre. J’ai déjeuné avec le directeur de Pladur. Ce fournisseur m’a posé un tas de questions sur les Négociants Réunis : nos projets, mon opinion sur l’avenir de l’entreprise. J’ai réagi face à son insistance suspecte : il m’a avoué des rumeurs de rachat par un groupe financier ! Degrelle fusille son directeur commercial du regard. - D’où proviennent ces bruits ? - Vous pensez bien que je l’ignore, mais je crois que ce serait quelqu’un de chez nous. Visiblement, cette personne raconte n’importe quoi ! - Bien, Serge. Essayez de savoir de qui il s’agit. On ne peut pas laisser dire cela. Les Négociants Réunis ne sont pas à vendre ! Et j’en profite d’ailleurs pour vous informer que j’ai l’intention de développer notre présence par l’acquisition d’un septième point de vente. On ne vend pas. On achète !
