MaPrimeRénov’ : réouverture et « détricotage »

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Le parcours rénovation d’ampleur de MPR a rouvert mardi 30 septembre, en revoyant à la baisse les critères et niveaux d’aides financières. Point sur le dispositif actuel.
ITI.
Isolation thermique par l'intérieur.

Le guichet MaPrimeRénov’ pour les rénovations d’ampleur, fermé depuis le 23 juin, a rouvert mardi 30 septembre. Cette fermeture estivale aurait permis d’examiner près de 25 000 dossiers, représentant 935 M€ de subventions, selon le ministère de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation qui estime avoir évité 36 M€ de fraudes et retiré des agréments en conséquent.

Pour les rénovations d’ampleur, le nouveau dispositif exclut désormais les propriétaires de logements C et D, en plus de mettre fin au bonus de 10% accordé en cas de sortie d’étiquette F ou G. Le plafond de dépenses éligibles est également abaissé de 70 000 à 40 000 € (pour un saut de trois classes, et 30 000 € pour deux classes). Surtout, seuls 13 000 dossiers sont acceptés, parmi les ménages très modestes et modestes, jusqu’au 31 décembre. Ces dossiers seront engagés au 1er trimestre 2026, sous réserve du vote de la loi de finances, précise le ministère. A noter que le site web de l’Anah a été pris d’assaut dès sa réouverture avec près de 150 000 visites en quelques heures, entrainant une saturation et une maintenance technique.

Fin de l’isolation dans le monogeste

Resté ouvert, le parcours monogeste a subi trois modifications conséquentes. D’abord, les primes CEE pour l’installation de PAC ne sont plus calculées sur la seule base des revenus, mais désormais par un calcul intégrant la surface du logement, sa zone géographique (météo) et la performance de la PAC, synthétise Hello Watt. Ces primes seront donc comprises entre 1 000 et 12 000 € (contre 2 500 à 5 800 € jusque-là). Le spécialiste de la transition énergétique relève un effet d’aubaine pour les ménages plus aisés qui étaient auparavant plafonnés à 2 730 €. D’autre part, l’installation de chaudières biomasse et l’isolation des murs ne seront plus financées à partir de 2026. Souvent onéreuse mais fondamentale, l’isolation risque donc d’être laissée pour compte.

Pour début 2026, tous les détails n’ont pas été dévoilés et le dispositif sera soumis aux modalités du budget MaPrimeRénov’, inscrit dans le projet de loi de finances, toujours en discussion à l’Assemblée nationale. Pour autant, selon la mouture déposée par l’ex-ministre Valérie Létard avant sa démission, le parcours « d’ampleur » rouvrira pour tous les ménages, avec des aides revues à la baisse pour les revenus intermédiaires et supérieurs. Le pourcentage de dépenses éligibles passera de 50% (dans le cas de 3 sauts de classe DPE) à 45% dans tous les cas pour les ménages intermédiaires, et de 30 ou 40% à 10% pour les revenus supérieurs. Le dispositif reste ouvert aux copropriétés, bien que des ajustements soient prévus.

La filière très critique

Les réactions n’ont pas manqué à la réouverture du dispositif : « Les changements successifs laissent des ménages dans le flou », selon Hello Watt, qui estime par ailleurs que les PAC sortent grandes gagnantes de la réforme, « grâce au nouveau calcul des primes CEE ». A l’inverse, la « rénovation d’ampleur perd de son ampleur avec l’abaissement des plafonds ». Dans une tribune co-signée par Negawatt, le groupement Mur Manteau ou encore le réseau Cler, le collectif Rénovons accuse l’Etat d’un « abandon désormais limpide ». La tribune regrette des « reculs successifs » depuis la mise en place de MaPrimeRénov’, où chaque modification « aurait dû être celle de la consolidation » et se sont toutes révélées celles « du détricotage ». Exemple à l’appui, les trois révisions de méthode de calcul du DPE depuis 2020 (aussi en 2023 et 2025) ont fait sortir plus de trois millions de logements de la catégorie « passoires thermiques », sans rénovation. « Ces choix, présentés comme une réponse à la fraude, laissent les ménages les plus modestes avec un profond sentiment d’abandon par l’Etat », poursuit la tribune, déplorant un abandon environnemental, sanitaire, économique et social.

La rénovation, « pour les riches »

Ainsi, 85% des Français estiment « qu’il faut être riche pour rénover son logement », d’après une étude d’Opinion Way pour HomeServe, tandis que 40% des Français jugent leur performance thermique insuffisante. Parmi les travaux envisagés, les priorités portent sur l’isolation (11%), le remplacement du chauffage par des solutions renouvelables (9%) et la ventilation (6%). Un Français sur cinq indique que le nouveau dispositif freine directement ses projets de travaux. Alors que la réforme priorise les foyers modestes, 24% d’entre eux ont dû annuler ou reporter leurs travaux.

Au 12 septembre 2025, 71 828 rénovations d’ampleur avaient été engagées, contre 37 626 à la même date l’an dernier (91 374 en fin 2024). Pour les monogestes, l’Anah recense 137 949 dossiers engagés, contre 181 288 à la même date en 2024. Pour rappel, l’objectif fixé demeure la rénovation performante de 600 000 logements par an jusqu’en 2030.

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Date de réponse 21/10/2025