Le temps des regroupements

Stratégies industriellles -

Face à un secteur de la brique qui joue plus que jamais la carte système, la filière béton voit un foisonnement d’initiatives autour des blocs isolants, notamment de pierre ponce. D’où un jeu d’alliance s’accompagnant parfois d’opérations de croissance externe.

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Elle a été la solution constructive qui a le plus progressé ces deux dernières décennies : la brique a connu en 2013 une petite révolution avec la reprise du numéro un Imerys Structure par la Scop Bouyer-Leroux, alors numéro trois. L’opération a créé un nouveau leader national (165 M€ de CA, 700 salariés et 9 usines) dont l’un des objectifs a été « la mise en commun d’un potentiel R&D de premier plan », confie la responsable marketing de Bouyer-Leroux, Sandra Bourgeois. Le dispositif industriel a aussi été optimisé : le site de La Boissière-du-Doré (44) est désormais dédié à la fabrication de pièces monolithes (coffre de volet roulant, etc.). Une spécialité technique qui devient stratégique dans le cadre de la RT 2012. Terreal a fait un axe de croissance de cette approche système : « Une priorité est d’insister sur la synergie entre les briques de structure, les accessoires monolithes et les produits décoratifs tels les appuis de fenêtre, les chaperons, etc., souligne Eric Risser, directeur marketing gros œuvre/décoration. Il y a à la fois une forte actualité sur les produits techniques (RT 2012) et une évolution esthétique avec des coloris plus contemporains : il importe de bien travailler ces gammes à valeur ajoutée, dans un contexte de recul des autorisations. » L’autre acteur éminent sur ce marché très concentré est Wienerberger, numéro deux en France mais numéro un mondial, qui a joué un grand rôle à partir des années 1990 avec les technologies monomur et la pose joint mince, et plus récemment avec la notion de mur « hybride » (isolation répartie + isolation rapportée). L’industriel reste en pointe dans la définitin de produits ultra-performants au plan thermique (voir page XX = Tendances).

Pour l’industrie du bloc béton, les enjeux se focalisent actuellement sur la conception de blocs isolants à base de granulats légers : roches volcaniques, schiste expansé, argile expansée. Avec en ligne de mire, non seulement la RT 2012, mais déjà la RT 2020.

La contre-offensive du bloc

La filière béton reprend ainsi l’initiative. Cela s’accompagne de regroupements de formes diverses : concentration, réseaux de licenciés, GIE, groupements réunis autour d’un fournisseur de matières premières… Un précurseur du bloc pierre ponce est le réseau Cogetherm, créé il y a plus de dix ans par Eric Agostini, PDG de Cogebloc dans le Nord. Sept autres industriels en France et en Belgique produisent cette gamme, par exemple Tanguy en Bretagne. Il s’agit d’une technologie monomur, avec pose traditionnelle au mortier isolant. La matière première est une pierre ponce venue de Grèce mélangée à du clinker. Récemment, Cogetherm a inclus dans sa gamme un bloc isolant d’épaisseur 22,5. Un acteur comparable est Bisotherm, dans le Nord-Est. Le procédé et le granulat proviennent de région de Coblence (Rhénanie). Cinq usines produisent ces blocs monomur en France. On notera aussi l’importance croissante du réseau Poncebloc, fédéré par Ecoponce SAM, société qui développe les applications d’une pierre ponce turque (de Kayseri en Cappadoce). Il regroupe des acteurs comme Celtys (Queguiner), Provence Agglo, PPL (VM Matériaux), CMA (Chavigny), etc. Plattard (au capital duquel Samse a pris une participation de 34 % en 2009) était déjà créateur du Technibloc. En 2008, un réseau national avait été formé sous forme de GIE, pour produire ce bloc rectifié à joint mince à l’échelon national. En 2013, l’industriel et négociant de Villefranche-sur- Saône a lancé le Technitherm, un bloc isolant pierre ponce de 20 cm d’épaisseur R = 1,35. Un nouveau réseau comptant dix fabricants a été constitué. De son côté, le Francilien Fusco (lequel vient d’être repris par le Toulousain CEAC-Guiraud Frères) avait racheté fin 2008 une carrière en Mayenne produisant du schiste expansé. Cet ingrédient (nom de marque Granulex) a ainsi permis la mise au point du bloc isolant Easytherm, un bloc présentant un R = 1,44. Un succès : « Une croissance à deux chiffres pour cette famille de produit, nous a permis de ne pas baisser de chiffre d’affaires en 2012 », indique Jacques Charton, responsable technique, ex-n°1 du groupe et actuel président de FIB Bloc (Blocalians). Le réseau de licenciés Easytherm compte plusieurs négociants pré-fabricateurs. Citons aussi une initiative plus locale en matière de blocs isolants en pierre ponce (Franche-Comté/Bourgogne) : NRJ Blocs (Exincourt Agglomérés, Maggioni). A l’inverse, le GIE France-Bloc revêt une importance nationale. Il regroupe quatre industriels leaders : Alkern, Fabemi, Pradier et BIP. Certains avaient déjà des développements dans les blocs isolants. Tel le Vtherm (par Alkern, dès 2009) et tout récemment le Fabtherm (Fabemi). Parrain de ce groupement, Lafarge apparaît comme partenaire technologique et comme fournisseur de ciment mais aussi de pierre ponce (depuis ses carrières de Grèce…). Autre détail, le GIE va valoriser la pouzzolane dans la région Sud, comme granulat isolant (il existe des gisements en France : Puy-de-Dôme, Aveyron). Ces grands acteurs pourraient être très actifs sur le plan de la croissance externe (comme récemment Alkern). La valorisation de l’argile expansée est la voie choisie par Point. P Industrie (premier fabricant de blocs en France). Le produit s’appelle Calimur C20, il a été créé (dès le début des années 2000) par Klein Agglomérés, une filiale d’Eurobéton, lui-même dans l’orbite du groupe Saint-Gobain.

Le béton cellulaire joue une nouvelle carte

Le principal fabricant Xella Thermopierre (Ytong) dispose de quatre sites de production et a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 61 M€ et emploie 250 personnes. Cet acteur a relevé dès 2007 le défi du monomur, avec la gamme Thermopierre (lambda = 0,09). Très facile à usiner, le béton cellulaire a pu se positionner sur tous les segments de blocs à isoler (gamme Mi 335 s) par l’intérieur ou l’extérieur et les blocs isolants. L’association récente du Thermopierre et du nouveau béton cellulaire allégé non porteur Multipor (lambda = 0,04) est originale. Il s’agit d’une isolation rapportée, mais formant une paroi à base entièrement minérale ce qui l’apparente au monomur. La part de marché du béton cellulaire reste encore modeste. L’étude Promotelec BBC 2013 situe sa part de marché à 6,6 % (groupé et diffus). Quoi qu’il en soit, le doublement des PDM est la priorité du nouveau président du directoire Vincent Adam, nommé en septembre dernier. Ajoutons enfin le rôle croissant de Cellumat (une usine près de Valenciennes qui emploie 90 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 15 M€).

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