« La dynamique est en train de se créer ». Selon Cécile Goubet, déléguée générale de l’Avere France, association visant à promouvoir la mobilité électrique, la croissance des infrastructures de recharge pour véhicules électriques (VE) est en plein boom. Cette dernière dénombrait dans le cadre d’une conférence organisée début octobre à Paris, plus de 451 803 points de recharge publics et privés.
Selon le baromètre publié en mai dernier par l’Avere France, près de 233 000 étaient déployés dans une entreprise (52% du total) et un peu plus de 185 000 chez des particuliers (41%). Le reste étant des points de recharge entièrement ouverts au public.
Une tendance qui résulte de plusieurs éléments. D’abord, le nombre de ces automobiles ne cesse de progresser. D’ici à la fin de l’année 2022, le gouvernement table sur 1 million de véhicules électriques et hybrides en circulation (il y en a un peu plus de 650 000 aujourd’hui). La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit la mise en circulation de 5,3 millions de véhicules verts en 2028 et 15,6 millions en 2035. L’Union européenne recommande l’installation d’une borne de recharge pour 12 autos.
La réglementation pousse les acteurs
Ensuite, la fin annoncée de la vente des véhicules thermiques en 2040 pousse le marché à se structurer. La réglementation presse également les entreprises à s’équiper. « La loi d’orientation des mobilités (LOM) fixe un taux de 10% de véhicules à moindre émission lors du renouvellement de leur parc d’ici 2022 et créé les zones à faible émission dans les villes », pose Yohan Magaut, co-fondateur de la société de conseil en mobilité Harmonia Mobility.
Le décret d’application du 16 septembre 2020 publié au JO le lendemain les a rendues obligatoires au 31 décembre 2020 dans les territoires « ne respectant pas de manière régulière les normes de qualité de l’air mentionnées ». Et la ZFE parisienne a exclu depuis le 1er juillet 2021 les automobiles les plus polluants (étiquetés Crit’air 5 et Crit’air 4).
La loi Climat et Résilience, promulguée fin août, a renforcé les obligations pour les acteurs privés. Elle oblige également les gestionnaires de parkings publics de plus de 20 places (gérés en délégation de service public, en régie publique ou via un marché public) à équiper le site en points de recharge pour véhicules électriques.
Droit à la prise
« Les entreprises ont tendance à installer les bornes sur leur site, à destination de leurs salariés et des visiteurs, poursuit Yohan Magaut. Proposer une installation de recharge au domicile du salarié est plus compliqué car cela pose de nombreuses questions : que faire de la borne si le salarié quitte l’entreprise ? Comment s’assurer que le voisin ne charge pas sa batterie sur l’installation ? »
Dans les copropriétés justement, la création du « droit à la prise » a facilité les démarches. Même si le processus reste toujours lent. « Un conseil syndical du Plessis-Robinson a autorisé l’installation d’une borne de recharge en 2015. Mais depuis, aucune borne n’a été installée, les copropriétaires n’arrivant pas à se décider sur la solution à déployer », déplore Jérôme Princet, CEO de l’entreprise d’installation et de maintenance Bornes Solutions, qui entrevoie un vote favorable pour une prochaine installation lors de l’assemblée générale des copropriétaires de 2022.
Si la décision est lente et compliquée à prendre en copropriété, l’installation y est moins onéreuse qu’en maison individuelle. « Il faut parfois creuser des tranchées pour amener le courant jusqu’à la place située en extérieur, alors qu’en intérieur, on peut tirer les câbles plus facilement ».
Accélération sur le réseau autoroutier
Enfin, sur le réseau autoroutier, les bornes vont pousser comme des champignons. « D’ici à fin 2021, 73 stations seront installées sur notre réseau», indique Maxime Dupas, directeur développement commercial mobilités et nouvelles énergies de TotalEnergies. Mais d’ici à 2023, « 300 stations seront équipées, dont 200 sur le réseau autoroutier, l’idée étant de mailler le territoire pour proposer une borne tous les 150 km. Les 100 autres infrastructures seront installées dans des lieux stratégiques en ville, comme des hubs de mobilité. » Il faut dire que d’ici au 1er janvier 2023, toutes les aires de service du réseau autoroutier concédé devront être équipées de stations de recharge pour véhicules électriques selon l’objectif fixé par le gouvernement…
Ce dernier accompagne financièrement les obligés. La loi d’orientation des mobilités prévoyait la prise en charge à 75% des coûts de raccordement des infrastructures de recharge jusqu’à fin 2021. Cette mesure est prolongée par la loi Climat et Résilience jusqu’à fin 2025. Objectif : équiper l’ensemble des aires de service du réseau en bornes de recharge rapide afin de permettre les déplacements longue distance.