S'il y a une qualité qui caractérise Quitterie Blanchard, c'est bien l'énergie. L'ingénieure territoriale de 32 ans en a fait son moteur, aussi bien dans l'exercice de ses fonctions comme coordinatrice du pôle travaux et chargée de projet Papi au syndicat mixte de l'Argens (SMA), basé à Trans-en-Provence (Var), que dans la pratique intensive de la course à pied et des via ferrata. Elle s'est d'ailleurs donné comme défi avec son compagnon de partir à l'assaut de toutes les parois rocheuses de France.
Outre le domptage du vertige, son véritable combat est la protection de l'environnement. Il l'a conduite à l'âge de 15 ans à cesser de manger de la viande « compte tenu de son poids écologique », puis à abandonner son rêve d'être vétérinaire pour « agir à grande échelle ». Cette préoccupation la pousse aussi à intégrer en 2011 l'Ecole nationale du génie de l'eau et de l'environnement de Strasbourg (Engees) après ses deux années de prépa. Elle y découvre l'eau, « source de vie », et l'environnement verdoyant de la capitale alsacienne.
Béton des cités. Née à Paris dans le XIXe arrondissement, puis élevée en Seine-Saint-Denis, son cadre habituel était le béton des cités où elle a appris la solidarité et la détermination. Cette vertu est utile pour convaincre de l'urgence à protéger les milieux aquatiques : « J'en ai pris la mesure en troisième année de spécialisation sur le campus AgroParisTech de Nancy. J'y ai appris l'importance des interactions au sein d'un hydrosystème : zones humides, cours d'eau, nappes phréatiques… Perturber l'un de ces milieux peut bouleverser le cycle de l'eau avec des conséquences terribles, comme la perte de la biodiversité », pointe-t-elle. Un stage à l'US Geological Survey à Jackson (Mississippi), lui ouvre les yeux sur l'impact négatif de l'agriculture intensive. L'expérience, « intéressante mais déprimante », lui fait prendre conscience de « l'assèchement inéluctable du delta du Mississippi provoqué par les cultures du coton et du maïs, les plus gourmandes en eau ».
« Je voulais agir dans le concret et être maître d'ouvrage dans le secteur public pour aiguiller la conscience des élus. » - Quitterie Blanchard, ingénieure eau et environnement
De retour en France, elle réalise son stage de fin d'études à l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture - devenu l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement en 2020 - à Villeurbanne et travaille sur la modification des régimes hydrologiques des rivières intermittentes en Australie, Espagne, Etats-Unis et France. Une fois le diplôme en poche mi-2014, elle accepte un emploi à l'Office international de l'eau à Limoges pour animer le réseau d'acteurs Gest'Eau. Au bout d'un an, elle répond à une annonce du Syndicat de l'eau du Var-Est (Seve) : « Je voulais agir dans le concret et être maître d'ouvrage dans le secteur public pour aiguiller la conscience des élus. » Pendant sept ans, elle y fait ses armes en conduisant des chantiers aussi divers que l'extension des réseaux ou la restauration de la continuité écologique des cours d'eau.
Remarquée pour sa pugnacité, elle est recrutée en octobre 2022 par le SMA, où, depuis, elle coordonne, avec une équipe de quatre ingénieurs et un alternant, des travaux à l'échelle du bassin versant de l'Argens. Après les inondations mortelles de juin 2010 dans l'est du Var, il est urgent de protéger les biens et les personnes contre les crues fréquentes du fleuve côtier et de ses affluents en veillant à restaurer leur bon état écologique. De par son action, Quitterie Blanchard y contribue pleinement.