Guillaume Kasbarian, 36 ans, député d'Eure-et-Loir et nouveau ministre délégué au Logement n'a pas que des amis qui l'attendent dans un secteur en crise.
A commencer par la Fondation Abbé Pierre qui, témoignant de l'explosion de la «bombe sociale" du logement, ne lui pardonne pas sa loi anti-squats de juin 2023. Son délégué général, Christophe Robert, a ainsi confié à l'AFP « espérer que le nouveau ministre délégué au Logement sera plus attentif aux souffrances des mal logés et aux difficultés que connaissent nos concitoyens en matière de mal-logement qu'il ne l'a été au moment où il a porté une loi qui a fait beaucoup de dégâts".
Eddie Jacquemart, président de la Confédération nationale du logement, première association de locataires HLM et proche du Parti communiste, a lui estimé sur Franceinfo que son arrivée était « une véritable gifle à tout le secteur du logement » et une « déclaration de guerre aux locataires ».
Relancer la construction neuve
Moins d'hostilité a priori chez les professionnels, même si l'Alliance pour le logement l'attend au tournant : « Ayant d’ores et déjà participé à de trop nombreuses concertations et missions restées vaines, les membres de l’Alliance demandent la mise en place d’une véritable politique nationale du logement et sont disponibles pour rencontrer collégialement dès demain le ministre », écrivaient ainsi dans la foulée de la nomination de Guillaume Kasbarian, la FFB, l’USH, la Fnaim, la FPI, Pôle Habitat FFB, Procivis, l’Unis, l’UNNE, l’Unsfa et l’Untec.
L'urgence pour Guillaume Kasbarian, enrayer la chute des permis de construire, -23,7% en 2023, à 373 100 autorisations délivrées, alors que selon plusieurs fédérations professionnelles, il en faudrait plutôt autour de 500 000 par an pour résorber les besoins.
Un coup pour le logement social ?
Or, « on ne peut pas se satisfaire », de l'objectif de 30.000 nouveaux logements dans 20 territoires prédéfinis mentionné par le Premier ministre Gabriel Attal lors de son discours de politique générale, assure le président de la Fédération nationale de l'immobilier, Loïc Cantin.
De leur côté, les bailleurs sociaux craignent que Guillaume Kasbarian, réputé libéral, ne soit le porteur du projet d'assouplissement de la loi SRU suggéré par le Premier ministre. « Je l'appelle clairement à renoncer à réformer la loi SRU qui serait une catastrophe pour l'égalité républicaine », a déclaré à l'AFP Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat, confédération des bailleurs sociaux. « Ce que j'attends, c'est de savoir comment notre ministre va nous aider à faire face à la crise du logement et à produire plus de logements sociaux », a-t-elle ajouté.