Tandis qu'à Madrid dix-neuf stars de l'architecture s'associent pour réaliser un hôtel de luxe unique au monde (le Puerta America), à Londres, le premier "easyHotel" a ouvert ses portes le 1er août, avec des chambres à partir de 29 euros la nuit, une offre conforme à la recette "low cost" du fondateur de la compagnie aérienne easyJet.
Façade blanche victorienne surmontée d'une enseigne orange, la couleur de tous les produits "easy", le bâtiment, un ancien "bed and breakfast" de vingt chambres transformées en trente quatre chambres, est situé dans le quartier - chic - de Kensington qui borde Hyde Park à l'ouest.
Il affichait complet pour sa première soirée, aux dires de son propriétaire, le Chypriote Stelios Haji-Ioannou, le président d'EasyGroup qui assurait lui-même la visite d'inauguration.
"Ce sont sans doute les plus petites chambres d'hôtel en Europe", a concédé l'homme d'affaires tandis que les photographes tentaient désespérément d'entrer dans une chambre à plusieurs. "Mais le Marriott (chaîne d'hôtels de luxe) du coin vous facturerait la chambre au moins 80 livres ce soir", s'empressait-il d'ajouter.
Selon l'Office de tourisme de Londres, le prix moyen d'une chambre d'hôtel avoisine même les 100 livres dans la capitale britannique.
Trois types de chambres sont proposés : "petite", "très petite" et "minuscule". D'une surface de 5,6 à 7,4 mètres carrés, le lit touchant le mur des deux côtés dans le cas de la plus petite, et dénuées de fenêtres à l'exception de trois d'entre elles, elles font penser au modèle japonais de la chambre-capsule.
"Ce fut un élément de référence", reconnaît M. Haji-Ioannou, faisant remarquer néanmoins que chaque chambre a sa salle de bain individuelle et, surtout, que l'on peut y tenir debout. Deux Japonais, arrivés avec leurs sacs à dos d'Australie et rencontrés sur le palier, semblent plutôt satisfaits.
"Le plus gros risque que j'ai pris, c'est l'absence de fenêtres", estime celui qui se définit volontiers comme un "serial entrepreneur", avec quinze marques à son actif.
Le tarif de base est à 20 livres, mais l'objectif est une moyenne de 35, avec un taux de remplissage de 90%, pour rendre l'entreprise rentable et rembourser 20.000 livres d'investissement par chambre. Actuellement, les prix grimpent jusqu'à 50 livres pour les week-ends les plus demandés.
Le lit est double et le savon gratuit, mais la télévision se loue 5 livres à la journée et il faut payer un supplément pour que les lits soient faits, et les draps et serviettes changés. Ce service minimum permet, conformément au modèle "low cost", de réduire le personnel au minimum : un réceptionniste à l'entrée.
La clientèle type est celle des touristes à faible budget, mais n'exclut pas des hommes d'affaires de passage une nuit ou des personnes visitant famille ou amis dans le quartier.
Le modèle a vocation à s'exporter sous franchise et un deuxième easyHotel ouvrira le 5 septembre à Bâle, en Suisse. Plusieurs négociations sont en cours, en particulier à Amsterdam et à Barcelone.