Maisons passives d’architecte pour logements sociaux

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En utilisant un mode constructif mixte bois-béton, les concepteurs de ces cinq maisons prouvent qu'il est possible, en traitant parfaitement l'enveloppe, d'atteindre des niveaux de performances maisons passives sans recourir à des équipements techniques sophistiqués.

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Chantier de construction de cinq maisons passives à Orléans (Loiret), par GA Architecture

Situé dans le quartier de la Source à Orléans (Loiret), l'îlot Bossuet intègre, dans un ensemble de vingt-neuf logements sociaux, cinq maisons passives. Un chantier expérimental porté par le maître d'ouvrage de l'opération et soutenu par la Ville d'Orléans. « Nous avons souhaité faire l'expérience de la maison passive pour deux raisons : la première environnementale, la seconde pour la maîtrise des charges locatives », explique Gérard Bellanger, directeur du développement des Résidences de l'Orléanais OPH d'Orléans. De fait, cette opération était une première pour tout le monde, architecte compris. « Je dois avouer que nous n'y connaissions pas grand-chose. Nous avons fait beaucoup de recherches en Allemagne, Belgique et Autriche. C'est un projet que nous avons travaillé pendant deux ans et demi. Nous nous sommes fait épauler par un bureau d'étude, Fiabat Concept, pour le calcul thermique et la validité des choix techniques », consent le concepteur du projet, Giuseppe Grisafi de l'agence parisienne GA Architecture (Giuseppe Grisafi et Patrizia Anania, architectes). Le bureau d'étude a d'ailleurs « rejeté » le premier jet : « Après discussion, il nous a fait comprendre que notre projet ne rentrait pas dans les contraintes de la maison passive, notamment en raison d'un trop grand développé en façade et de la présence de nombreux ponts thermiques. »

Trois règles d'or

De cet apprentissage, Guiseppe Grisafi a tiré trois règles d'or. « Il y a trois fondamentaux pour concevoir un bâtiment passif : une très bonne isolation sans pont thermique, une étanchéité à l'air parfaite et une ventilation double flux. Ces trois éléments permettent d'avoir une température de surface uniforme dans l'ensemble de la maison, sans effet de dessiccation. » Malgré ces contraintes, l'architecture n'a pas été sacrifiée, c'est même l'un des points forts du projet. « Nous avons aussi voulu démontrer qu'il était possible de construire des maisons passives sans faire un cube, en gardant un œil ouvert sur l'architecture avec des volumes articulés. La technique ne doit pas prendre le pouvoir sur l'architecture ». Résultat : les cinq maisons de ville, indépendantes, à la géométrie simple et disposées en bande - « ce qui permet une meilleure compacité, nécessaire dans le cas de maisons passives » - sont légèrement décalées les unes par rapport aux autres, afin de mieux les distinguer et éviter la monotonie de la façade. « Désaxées, elles s'identifient plus facilement. Les T4 et T5 sont disposés en alternance et, par des jeux de miroir, permettent de percer les volumes différemment au niveau des terrasses. Celles-ci, protégées par des pergolas, rythment les volumes, tout en apportant de la lumière aux étages », explique l'architecte.

Ossature poutre en « i »

Conception toujours, les pièces à vivre sont exposées au sud. Du coup, ces dernières sont dotées de larges ouvertures munies de doubles vitrages pour bénéficier au mieux des apports solaires. Cette conception bioclimatique est à considérer comme un plus car, explique l'architecte : « Il ne faut pas confondre passif et bioclimatique. Il est tout à fait envisageable, parce que le terrain ne permet pas de faire autrement, de concevoir des maisons passives avec une exposition au nord. C'est davantage la qualité de l'enveloppe qui fait la différence que les apports solaires. » Les façades nord, en revanche, sont traitées avec de petites ouvertures munies de menuiseries triples vitrages (Uw = 0.78W/m²K). Elément capital, l'enveloppe extérieure. Celle-ci est réalisée comme préconisé par le bureau d'étude. A savoir, avec une ossature bois en poutres en « i » (FJI de Finnforest) spécialement développée pour les maisons passives, dotée d'une isolation 300 mm en ouate de cellulose. L'ensemble est contreventé par un panneau extérieur de 16 mm avec un bardage en finition extérieure et une plaque de plâtre en face intérieure.

Ventilation double flux

Plancher intermédiaire et toiture sont également réalisés à l'aide de la structure poutres en « i ». « Le fait de pouvoir utiliser un même produit pour l'ensemble de la construction nous a donné beaucoup de flexibilité et a réglé l'ensemble des ponts thermiques, sans difficulté. » Les murs séparatifs entre les maisons ont été traités en béton banché. Un choix qui a permis de résoudre plusieurs problématiques : « Cela nous a apporté de la rigidité, de l'inertie, du confort acoustique et davantage de surface à l'intérieur des logements. Nous avons gagné 25 cm en profondeur par logement - pour l'investisseur ce n'est pas négligeable. » D'autant que sur le plan économique, l'opération n'est pas neutre. « Nous arrivons à un coût de construction de 1.870 euros par mètre carré, explique Gérard Bellanger. Le différentiel est important par rapport à une opération classique. Il va falloir étudier cet écart avec les entreprises. »

En revanche, pour les charges locatives, le pari pourrait être tenu : « La ventilation double flux suffit à chauffer les logements. Les chaudières à condensation assurant la production d'eau chaude. Une situation paradoxale néanmoins : pour répondre à la RT2005, il nous a fallu installer des radiateurs dans toutes les pièces. Sinon nous ne pouvions pas y répondre », conclut l'architecte. Reste une inconnue : le comportement des locataires. Une information et un suivi de la consommation sont d'ores et déjà prévus.

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Chantier de construction de cinq maisons passives à Orléans (Loiret), par GA Architecture Chantier de construction de cinq maisons passives à Orléans (Loiret), par GA Architecture
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