Le groupement d'intérêt économique (GIE) Manche Est (groupe Eurovia/Vinci) vient d'être autorisé par le ministère de l'Industrie à entamer des recherches de sables et graviers silico-calcaires marins au large de la Seine-Maritime. Le permis expérimental de recherche (PER) baptisé « permis de la Côte d'Albâtre » est valide pour cinq ans. Sur un quadrilatère d'une surface de 457 km2 au large d'une zone allant du cap d'Antifer au cap Gris-Nez, le GIE est autorisé à effectuer des forages sur des gisements de granulats déjà repérés. Dans l'hypothèse de la découverte d'un gisement « rentable », le GIE devra formuler ultérieurement une demande d'exploitation. « Entre les trois à quatre ans d'études et l'instruction du dossier d'exploitation, cela peut prendre entre cinq et dix ans », estime Jean-Pierre Allaire, président régional de l'Unicem (Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction) en Haute-Normandie. Le groupe Lafarge Granulats où il travaille attend également un PER sur une zone de 250 km2 proche des côtes anglaises. Depuis de nombreuses années, les carriers français tirent la sonnette d'alarme.
« En 2010, faute de possibilités sur les gisements alluvionnaires, la Haute-Normandie ne sera plus suffisamment approvisionnée en matériaux de construction. Pour éviter cela, l'exploitation des gisements de Baie de Seine, gelée par les pouvoirs publics depuis 1996, paraît la seule solution », martèlent les professionnels des travaux publics. Face à eux, les pêcheurs refusent de voir leurs pêcheries mitées par des zones de dragage. « Nous sommes totalement opposés à de nouvelles zones d'exploitation et s'il le faut, en temps voulu, on bloquera des dragues. D'un côté, on nous demande de protéger la ressource et de l'autre on transforme la Manche en carrière. C'est incohérent », commente Dominique Masson, président du comité régional des pêches de Haute-Normandie.