«Fragile ! » C’est le mot qui revient souvent dans la bouche des acteurs du BTP en Provence-Alpes-Côte d’Azur quand ils parlent de la situation actuelle. Littéralement porté par la construction neuve et le dispositif Scellier (qui a trusté 75 % des ventes sur l’année en Paca), le secteur du bâtiment a vu les derniers mois de 2010 lui offrir l’embellie qui lui permet d’enrayer la baisse continue de l’activité depuis 2008. Avec un repli de 5,9 % cette année-là et de 6,8 % en 2009 (chiffres de la Cellule économique régionale), la pente était sévère. Même si la baisse sur les mises en chantier, sur douze mois glissants, de septembre à septembre, aura été encore de près de 13 %, l’embellie se confirme avec plus de 5 % d’augmentation des logements autorisés. La Capeb, pour sa part, enregistre un « net ralentissement de la baisse » fin 2010 et estime le repli global sur l’année à – 2,5 %.
La fédération régionale des Travaux Publics parle, de son côté, d’une année « contrastée ». En valeur, le chiffre d’affaires devrait se stabiliser à 7 % pour 2010 mais, précise son président, Gérard Bonnet, « cette activité est portée essentiellement par deux départements, le Var et les Bouches-du-Rhône ». Les deux départements alpins ne voient pas encore la sortie de crise et le Vaucluse n’enregistre aucune embellie de l’investissement privé, alors que la commande publique reste enlisée à – 15 %.
Un large soutien de la promotion privée
D’une façon générale, le littoral (Bouches-du-Rhône, Var et Alpes-Maritimes) résiste beaucoup mieux que l’arrière-pays (Vaucluse, Alpes-de-Haute-Provence et Hautes-Alpes). Jean-Pierre Richard, président de la fédération BTP des Bouches-du-Rhône, se félicite de la situation du logement. « Les offices notariaux nous signalent de plus en plus d’actes enregistrés. Nous avons constaté une forte reprise de la promotion privée et le logement social dans le département a lui aussi très bien soutenu l’activité. » Patrick Alary, président de la fédération des promoteurs immobiliers (FPI) de Provence, confirme que « grâce aux taux bancaires toujours au plus bas, les rythmes de vente ont encore progressé ». Les mises en vente ont atteint 50 %. Le représentant des promoteurs regrette simplement le remplacement du Pass Foncier par le PTZ , « moins solvabilisateur », selon lui. Le Var fait preuve d’une « forte attractivité », selon l’Agence d’urbanisme de l’aire toulonnaise (Audat), qui se traduit par « un niveau de croissance démographique annuel entre 1 % et 4 % depuis dix ans ». Cet accroissement démographique entraîne obligatoirement un fort dynamisme du marché immobilier. Dans l’ensemble des métiers du BTP sur le Var, la construction de logements neufs occupe une place importante, de l’ordre de 30 % de l’activité. L’Observatoire Immobilier de Provence (OIP) note que, sur le département, « le nombre de ventes de logements neufs réalisées en 2010 devrait être similaire à celui de 2009 ». Quant aux Alpes-Maritimes, l’Observatoire immobilier d’habita constate que « sur 4 trimestres consécutifs, la situation montre une progression de l’offre de logements de 7 % et une relative stabilité des transactions de l’ordre de 1 % ».
Un niveau de prix « catastrophique »
Le tropisme du littoral joue également pour les travaux publics. C’est là que se situent la plupart des grands chantiers d’équipements et d’infrastructures. La ligne de chemin de fer Marseille-Aubagne, le tunnel Prado Sud et les rocades L2 Est et L2 Nord à Marseille, le tunnel de Toulon, la liaison hydraulique Verdon-Saint Cassien, le tunnel de Tende, les stades de Nice et de Marseille et la préparation du site d’Iter sont autant de grands chantiers qui permettront de soutenir l’activité TP dans la région cette année. Entre 2003 et 2007, le chiffre d’affaires du secteur TP en Paca a progressé de 15 % en moyenne en valeur par an. Sur cette période, Provence-Alpes-Côte d’Azur s’est montrée la région la plus dynamique en France (source FNTP). Cela est principalement dû, selon Gérard Bonnet, à « un énorme retard en infrastructures à rattraper ». Mais, s’il pense que le niveau d’activité devrait « rester étale en 2011 », le président de la fédération régionale s’inquiète pour les prix. « Globalement, le niveau des prix est aujourd’hui catastrophique. Les entreprises ont pris des risques en faisant le pari de garder leur personnel mais elles ont fait trop d’efforts sur les prix pour traiter les marchés. »
L’espoir du développement durable
Une baisse des prix qui affecte aussi bien le bâtiment. Et la conséquence directe pour toutes les entreprises du BTP, c’est une tension alarmante sur les trésoreries, prises en tenaille par la réduction des délais de paiement aux fournisseurs. D’où la fragilité. Sur le front de l’emploi, avec des effectifs qui sont restés plutôt stables, les entreprises recommencent ces dernières semaines à pratiquer de nouvelles embauches par le biais de l’intérim. La fédération régionale du bâtiment pointe déjà un déficit de main-d’œuvre dans certains corps de métier : maçonnerie, peinture, couverture, mais aussi, plâtrerie, électricité, chauffage ou métallerie.
Reste que le bâtiment comme les travaux publics comptent beaucoup sur le développement durable et le Grenelle de l’environnement pour stabiliser leur activité en 2011. Si le calcul semble évident pour ce qui est de la rénovation énergétique ou des labels BBC dans le logement (voir encadré), les exigences environnementales dans les transports en commun, les raccordements des énergies renouvelables aux réseaux, la mise en place des trames vertes ou bleues, le contrôle des assainissements ou la gestion des eaux pluviales sont considérés comme de formidables opportunités en Paca par les responsables du secteur des travaux publics.
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