De la crise sanitaire du Covid-19, Marjan Hessamfar a retenu cinq leçons sur la manière dont il faut concevoir le logement. Et en premier lieu, l’architecte, qui travaille en association avec son confrère Joe Vérons, cite la nécessité d’un balcon ou d’une terrasse pour tous. «L’expérience du confinement a démontré qu’un espace privatif extérieur s’avère indispensable au bien-être des occupants d’un appartement, constate-t-elle. Il faut donc insister auprès des maîtres d’ouvrage pour le systématiser et ne pas lâcher l’affaire, même pour un T1 ou un T2.»
Orientation
La deuxième leçon porte sur l’interdiction de certains logements mono-orientés. L’architecte, qui s’appuie sur l’expérience acquise au cours de plusieurs opérations livrées ces dernières années, notamment en Gironde, ne souhaite plus à l'avenir entendre des promoteurs lui dire que «ce n’est pas grave de laisser un T1 exclusivement tourné vers le nord», alors que pour ceux qui s’y trouvent confinés la situation est «infernale». Elle espère «une prise de conscience» de leur part et plaide pour des appartements traversants ou d’angle.
Cette disposition favoriserait le troisième enseignement de cette crise sanitaire : la ventilation naturelle. «Cela fait dix ans qu’on nous demande d’installer la VMC à double flux dans les logements, souligne Marjan Hessamfar. Est-ce que ce sera encore le cas après la pandémie du Covid-19 ou bien va-t-on revenir à l’ouverture manuelle des fenêtres pour renouveler l’air ?» Sur ce point, l’architecte renvoie aux écrits de Suzanne Déoux, médecin ORL, publiés par le Conseil national de l'ordre des architectes et consultables en ligne.
Distanciation
Le confinement a bouleversé les vies professionnelle et personnelle de chacun. Les salariés du secteur tertiaire travaillent désormais à domicile, ce qui soulève le quatrième sujet de réflexion : la place du bureau dans nos intérieurs. «Dans la perspective où la pratique du télétravail se généraliserait, il va falloir lui dédier un espace, remarque Marjan Hessamfar. Une pièce ou un recoin ? La réponse s’obtiendra main dans la main avec les maîtres d’ouvrage, mais pas dans les surfaces de logements dont on dispose actuellement, bien trop restreintes.»
Enfin, l’architecte tire un cinquième et dernier enseignement de cette période en rêvant d’une «family-room». Cette pièce familiale, sorte de salon annexe, les parents confinés avec leurs enfants pourraient y passer du temps ensemble ou séparément. «On pense souvent à la répartition des pièces d’un appartement en fonction du jour et de la nuit, explique-t-elle, mais pas assez entre parents et enfants.» La distanciation physique n’a donc pas fini d’être au cœur des préoccupations, y compris à l’intérieur du logement.