Le Mémorial de l’Alsace Moselle, conçu par l’atelier Seigneur & de La Dure, a été inauguré le 18 juin à Schirmerck, petite commune à mi-chemin entre Strasbourg et Saint-Dié des Vosges. Pour Alain Ferry, député du Bas-Rhin et président du mémorial, « la construction d’un centre d’interprétation historique est issue d’une volonté forte de voir disparaître les dissensions qui ont conduit tant de soldats à la mort, et plongé tout un pays dans la division, le désespoir et la rancœur. Pour trouver un apaisement, cette douloureuse histoire devait s’incarner en un lieu de mémoire, où l’architecture et la scénographie puissent rendre hommage à un peuple soucieux de ne pas oublier, mais souhaitant désormais trouver la paix dans la réconciliation ».
Structures en porte-à-faux. Tels des dramaturges, les architectes et scénographes François Seigneur et Sylvie de La Dure ont représenté les émotions contrastées de cette mémoire collective, en opposant extérieurement deux structures en porte-à-faux. La première structure, qui évoque le passé négatif (guerre, annexion, nazification), est matérialisée par un pont coupé, réalisé avec un béton noirci dans la masse. Ses deux appuis cylindriques, en forme de « Y », s’ancrent au soubassement creusé dans la pente et bétonné (parois moulées et cloutées). Un remblai de terre, camouflant une partie des fondations, donne l’impression que le plateau jaillit de la montagne, or il vient s’accrocher au mur situé sous la façade. Le sol de ce belvédère est revêtu de plaques de basalte (de 3 cm d’épaisseur) qui s’entrechoquent. En bordure, un entrelacement de fers à béton compose les garde-corps latéraux. Celui du centre étant constitué d’une double paroi de verre.
A cette image sombre, négative et terrestre répond celle d’une structure aérienne, blanche et tournée vers l’avenir. Symbole de la réconciliation franco-allemande, l’auvent d’une portée de 22 m, perché à 7 m de hauteur, est en réalité l’une des extrémités de la toiture. Ici, ni tension ni torsion, le poids de la poutraison d’acier située à l’avant du bâtiment s’équilibre avec la masse de la charpente recouvrant la partie arrière. Deux points d’ancrage assurent la stabilité de l’ensemble : côté entrée, avec deux colonnes en acier de 31 cm de diamètre fixées au mur en béton du niveau inférieur ; côté bureaux, avec le scellement des poutres dans un épais mur transversal en béton.
Les différentes faces de l’auvent, recouvertes de staff hydrofuge, de tôles alu laquées ou de membranes PVC, apparaissent lisses et peuvent donc se prêter à des effets de lumières nocturnes. Ainsi, « même si l’édifice se vide le soir, la mémoire ne s’éteint pas », conclut François Seigneur.


