La 22ème acquisition d’Osmaïa conforte sa position de challenger d’id Verde, en haut du podium français du paysage. Longtemps connu à travers Pinson Paysage, sa plus grande entité, le numéro deux du secteur intègre les 500 salariés et les 40 M€ de chiffre d’affaires de Mugo, ce qui porte l’ensemble consolidé à 2500 personnes, pour 260 M€.
Entité préservée
Fondée en 2009 par les frères Benjamin et Gautier la Combe, rompus au Facility Management après un début de carrière chez Sodexo, la nouvelle filiale se plie à la règle instaurée avec le lancement d’Osmaïa en 2023 : fondu dans le logo du groupe, le nom Mugo reste bien visible, au-dessus de la marque commune qui exprime l’osmose entre les travailleurs du paysage et Gaïa, la déesse de la terre dans la mythologie grecque.
Le maintien de l’identité se traduit dans la continuité du management : Benjamin et Gautier la Combe rentrent dans le comité exécutif du groupe.
La puissance par la maintenance
L’acquisition renforce une singularité qui donne à Osmaïa sa capacité de résistance aux aléas conjoncturels : « La maintenance représentait déjà 60 % de notre activité. Chez Mugo, cette proportion atteint 80 %. Nous nous sommes retrouvés autour de cet ADN commun », se réjouit Eric Bouichet, P-DG.
Le second intérêt stratégique du profil de la nouvelle filiale réside dans la structure de sa clientèle : alors que les marchés publics dominent l’activité d’Osmaïa, Mugo réalise 80 % de son chiffre d’affaires dans le privé. Eric Bouichet espère se saisir de ce rééquilibrage pour briser une barrière héritée de l’histoire de Pinson Paysage, sortie en 2019 du giron du Facility Manager Atalian : « Face aux concurrents de ce groupe, nous pouvions difficilement percer dans la gestion des espaces verts des entreprises du Cac 40 », décrypte le P-DG.
Equilibre public privé
Les contrats cadre nationaux honorés par Mugo projettent Osmaïa dans les jardins de LVMH ou d’Axa, et jusque sur la toiture du siège de Pernod-Ricard livré fin 2019 par l’architecte Jacques Ferrier, à côté de la gare Saint-Lazare à Paris.
De son côté, la maison mère accumule les références prestigieuses de la profession, comme en témoignent de nombreuses opérations récentes ou en cours : centre d’entraînement du Paris Saint-Germain à Poissy, compensations écologiques du canal Seine-Nord, restauration du parterre du Midi au domaine national de Versailles, restauration du canal de Frayères pour la ville de Cannes ou réalisation du Center Parcs de Bruyères à Chaumont-sur-Tharonne (Loir-et-Cher)
Dominante francilienne
Eric Bouichet résume l’impact géographique de l’acquisition : « On devient très fort en région parisienne, avec 120 M€. L’Ile-de-France occupait déjà 40 % de l’activité d’Osmaïa, et 75 % de celle de Mugo ». En creux, ce constat dessine un objectif : combler les zones blanches, en particulier la Bretagne.
Malgré sa dominante francilienne, Mugo apporte quelques atouts dans ce jeu : la nouvelle filiale amène Osmaïa à Antibes et à Bourges. A Lyon où l’activité du groupe de paysage se limitait aux terrains de sport, il devient généraliste des espaces verts. La maison mère et la nouvelle filiale réunissent leurs forces dans la région bordelaise et en Normandie.
Quatre régions et des dizaines d’agences
La densification de la couverture nationale repose sur une stratégie déclinée dans trois strates : le siège de Beauchamp (Val d’Oise) assume les fonctions support et déploie dans tout l’hexagone les équipes chargées des grands travaux et du génie écologique ; les quatre directions régionales coiffent chacune sept à huit agences.
Cette organisation permet à ces dernières de conserver l’autonomie commerciale et opérationnelle, tout en se coordonnant pour lisser les pics locaux d’activité. Depuis 2022, le groupe teste la duplication de ce modèle dans des pays voisins. La Suisse a ouvert le bal, suivi par les Pays-Bas, où Osmaïa a réalisé sa seconde acquisition en février.
Croissance programmée
« L’effet de taille contribue à soutenir l’attractivité », souligne Eric Bouichet. Face aux difficultés de recrutement qui frappent le secteur du paysage autant que celui du BTP, le groupe développe un important effort de formation, comme en témoignent les 90 apprentis recensés en France. « Plus des trois quarts d’entre eux restent chez nous à l’issue de leur apprentissage », s’enorgueillit le P-DG.
Il explique cette performance par les parcours professionnels que rendent possible la taille et la croissance continue de l’entreprise. Cet atout devrait se confirmer dans les prochaines années, aussi bien dans l’hexagone que dans les pays voisins : propriétaire d’Osmaïa, le fonds d’investissement français MBO + a confirmé en 2024 sa volonté d’accompagner le groupe pendant une nouvelle période de cinq ans. A l’horizon 2028, Eric Bouichet mise sur un chiffre d’affaires compris entre 400 et 420 M€.