La crise est contagieuse et Wolseley France est bien placé pour le savoir. Alors que son actionnaire britannique, numéro un mondial de la distribution en plomberie et chauffage, a déploré une perte nette d’un milliard d’euros au cours de son premier semestre (qui s’est achevé le 31 janvier) contre un résultat net de 83 millions d’euros réalisé un an plus tôt, la filiale française ne se porte pas mieux. Représentant 12,7 % du chiffre d’affaires global du groupe, elle a en effet vu son activité décliner de 5,9 % à 1,25 milliard d’euros et son résultat net dévisser de 45 % à 26 millions d’euros. De son côté, la marge commerciale baisse à 2,1 % contre 3,6 % en 2008. Alors, pour Wolseley France (cinquième négociant en matériaux avec Réseau Pro et troisième en sanitaire-chauffage avec Brossette), l’heure est à la spécialisation autour des thèmes porteurs liés à l’environnement et au développement durable (voir entretien). Des sujets en filigrane dans toute société française de négoce mais sur lesquels les enseignes du groupe veulent jouer de leur notoriété.
Cap sur les énergies renouvelables
Ainsi, il y a quelques années, certains points de vente Réseau Pro se dotaient de « Centres expert » où la profondeur d’une gamme de produits mais aussi le conseil étaient plus poussés. Le domaine de l’isolation va désormais y être particulièrement soigné. Cette idée fait maintenant école chez Brossette qui vient d’inaugurer sa première salle d’exposition totalement consacrée aux énergies renouvelables, à Maison-Alfort (Val-de-Marne). Objectif : essaimer ce type de showroom dans 70 négoces d’ici à deux ans. Quelques magasins Brossette seront même dotés d’un espace Comptoir des lumières (CDL).
L’ensemble de cette stratégie n’est ni plus ni moins que l’importation de celle mise en œuvre depuis longtemps par le groupe Wolseley dans ses points de vente à l’étranger qui les positionne, de fait, entre les généralistes et les multispécialistes.
La patte britannique en France est donc bien présente car, de l’aveu même des dirigeants d’outre-Manche : « La priorité est de procéder à la restructuration et au repositionnement des affaires pour qu’elles produisent un niveau suffisant de profit. Aucun crédit supplémentaire ne sera alloué à la France jusqu’à l’amélioration de la performance financière. » La rénovation prévue de 130 espaces d’exposition sanitaire parmi les 285 agences Brossette pourrait donc attendre.
Hormis ces deux enseignes phare, Wolseley France compte s’appuyer sur ses autres actifs pour amortir la crise. C’est par exemple le cas de Panofrance qui, comme son nom l’indique, propose une large gamme de panneaux destinée tant au marché du bâtiment qu’à celui de l’agencement. Présente au travers de 35 implantations, elle vise la cinquantaine en apportant un service « sur mesure » comme la découpe numérique.
Se recentrer sur les marchés porteurs
L’activité de canalisation technique de Brossette TC bénéficie d’un « potentiel important », selon les dires de Philippe Gardies, directeur général de Wolseley France. Les marchés de la chimie et de l’agroalimentaire sont en effet très demandeurs et pourraient faire le bonheur des 19 points de vente.
En revanche, il n’y a pas grand-chose à espérer du côté de Brossette TP qui, avec 26 agences, s’attend à passer des mois particulièrement difficiles.
Enfin, les deux enseignes Cardor pour le carrelage et CoverPro pour la couverture, qui comptent à elles deux 30 implantations, ne devraient aider qu’à la marge au redressement de Wolseley France.
Le groupe s’est donc résolu à fermer une quarantaine de points de vente dont certains Brossette.