S'il n'avait pas été architecte, sa vie, il l'aurait voulue sur un ring. "Enfant, la boxe me faisait rêver, témoigne Emmanuel Negroni; d'ailleurs, j'en fais toujours!". L'homme n'a pas la carrure d'un Mohamed Ali, mais l'on devine sa combativité et son appétit au premier coup d'œil. "J'aime aussi la cuisine, c'est un domaine créatif fabuleux." Denis Czaplejewicz, autre associé, n'est pas un Negroni, mais lui aussi à le virus du sport. "Moi, c'est plutôt l'aviron mon truc, mais j'avoue qu'en ce moment, il y a un peu de relâchement...", plaisante t-il. Physique à la Bernie Bonvoisin (ex-chanteur du groupe Trust), lui, c'est dans les airs qu'il se voyait lorsqu'il était gamin. "Je voulais être pilote de ligne." Il sera finalement architecte d'intérieur. Et pas mécontent de ce choix, même si le fait de travailler à Montargis (Loiret) - une antenne que les trois associés ont ouvert dès 1999, afin de profiter du réveil architectural de la ville -, le contraint à prendre au moins deux fois par semaine la voiture pour rendre visite à ses associés parisiens. Les trois Mousquetaires de l'architecture ont des profils, un physique et des caractères différents. Et à les entendre, c'est tant mieux! "Nous sommes farouchement contre le cloisonnement des disciplines", explique Frédéric Negroni. Emmanuel, son frère, acquiesce. "L'élaboration d'un bâtiment ou d'une petite cuillère suit le même cheminement. Il y a un travail sur la fonction, sur le coût... La différence n'est qu'une question d'échelle."
Pour le meilleur, pas pour le pire
Retour en 1995. C'est à cette date que "l'agence de conception" Negroni-Archivision est créée. Avec à son bord, trois associés donc, dont deux frères. Mais pour le meilleur, pas pour le pire, insiste Frédéric Negroni. "Travailler ensemble apporte une certaine sécurité, les ambiguïtés sont réduites." Très tôt, Emmanuel est attiré par les métiers de la création, "de l'école hôtelière, au design en passant par le stylisme de mode". Denis Czaplejewicz, lui, a une idée plus arrêtée sur ce qu'il veut faire". "Tout ce qu'il souhaitait, c'était dessiner", témoigne un proche. "Parti pour faire des mathématiques et de la physique", c'est sur les conseils d'un prof qu'il s'orientera vers une école d'arts graphiques. Béni soit ce prof avisé. "J'aimais dessiner et on ne faisait que ça. J'étais ravi!". Naturel, spontané, Frédéric Negroni n'est pas du genre à prendre la pause comme c'est le cas chez certains confrères. On l'imagine comme un poisson dans l'eau à Dakar. C'est dans cette ville du Sénégal qu'il a choisi de poser ses amarres pour concocter son projet de fin d'étude. C'était en 1992. Inscrit à l'Ecole spéciale d'architecture à Paris, son enthousiasme et son travail lui ont valu les félicitations du jury pour un projet mariant "architecture vernaculaire, écologie et modernité". Une règle de trois. Déjà. Comme une prémonition?