Serge Janquin a mis en cause la capacité des entreprises de bâtiment de la région à répondre aux besoins de l'Epinorpa* (ex-Soginorpa) qu'il préside, évoquant même la possibilité de faire appel à des entreprises polonaises. La semaine dernière, Claudine Carin, vice-président du conseil régional, y a fait allusion. Qu'en pensez-vous ?
CHRISTIAN SAUDEMONT. Je m'inscris en faux. Je mets au défi l'Epinorpa de citer une opération pour laquelle les entreprises du bâtiment n'auraient pu lui apporter la réponse qu'elle espérait. La réalité veut qu'au cours des années la Soginorpa a pratiqué une politique parfois incohérente en matière de rénovation, cherchant le coût le plus bas au détriment de la qualité et n'offrant pas aux entreprises la possibilité de planifier leurs travaux. Sa politique fluctuante et imprévisible a éloigné d'elle nombre d'entreprises structurées et notamment les grandes.
Y a-t-il aujourd'hui de telles fluctuations ?
Tout a fait. Des commandes qui avaient été passées il y a un an dans le domaine des réhabilitations ont été suspendues en juin. Serge Janquin a sûrement été surpris entre ce qu'il voulait faire et les moyens qu'il a trouvés. Mais les entreprises du bâtiment ne sont pas des boucs émissaires. Je ne laisserai pas ternir injustement l'image d'une profession.
En fait, la situation actuelle d'incapacité de l'Epinorpa/ Soginorpa de respecter ses engagements de réalisation de travaux risque d'avoir des conséquences graves pour certaines entreprises dont la survie peut être remise en cause demain, demain étant d'ailleurs quasiment aujourd'hui.
Qu'attendez-vous de l'Epinorpa ?
C'est important qu'il y ait un échange entre nous. La profession est à l'écoute de l'Epinorpa, prête à lui apporter son concours. La lisibilité des projets, une réflexion sérieuse sur l'adéquation entre la commande à venir et les capacités de la filière, la mesure du volume financier disponible et des travaux à réaliser, la définition du niveau qualitatif désiré seront les bases d'un travail commun avec la profession pour sortir de la situation actuelle d'incompréhension et de suspicion que je déplore.
(*) L'Epinorga (Etablissement public Nord-Pas-de-Calais) gère l'ensemble des corons du bassin minier, un patrimoine bâti en cours de rénovation ou de restructuration lourde.
PHOTO : Pour sortir de la crise, Christian Saudemont souligne la nécessité «d'une réflexion sérieuse sur l'adéquation entre la commande à venir et les capacités de la filière, la mesure du volume financier disponible et des travaux à réaliser...»