Alors que s'ouvrent les 9e rencontres de l'ingénierie, comme se porte le secteur ?
Difficile voire impossible de faire une photographie homogène de l'ingénierie. Selon les secteurs et les zones géographiques, l'activité est plus ou moins dynamique. Ainsi, excepté pour les très grands projets, la commande publique ralentit (hôpitaux par exemple). Nous connaissons beaucoup de «stop and go». Dans l'immobilier d'entreprise, un marché à l'arrêt depuis deux ans, les indicateurs sont positifs mais le feu n'est pas encore passé au vert. Il faudra probablement le lancement de quelques opérations phares à La Défense pour donner le signal de la reprise. Quant à l'industrie, elle a entamé sa sortie de crise mais n'a pas encore retrouvé le niveau d'investissement d'avant la crise. Enfin, du côté des infrastructures, nous avons des craintes sur l'évolution des marchés des collectivités locales. Et nous comptons sur le lancement des grands projets de LGV et du Grand Paris.
Qu'en est-il des niveaux de prix ?
Comme l'ensemble des acteurs de la construction, nous commençons à ressentir les méfaits des prix pratiqués abusivement bas. Les remontées des adhérents sur la dégradation des prix se font de plus en plus fortes. Or, quel que soit le secteur, la dégradation des niveaux de prix est bien supérieure à la dégradation de l'activité. Il faut d'une part que les ingénieristes gardent leur sang-froid en attendant des jours meilleurs ; et d'autre part que les maîtres d'ouvrages -notamment les acheteurs publics- éliminent les offres susceptibles de mettre à mal la qualité des ouvrages. Nous avons élaboré un guide en ce sens.
Vous n'avez pas mentionné la reprise du marché du logement. N'est-ce pas une bonne nouvelle?
C'est une très bonne nouvelle. Mais si le logement est un pourvoyeur d'activité, ce n'est pas un secteur où la valeur ajoutée apportée par l'ingénierie est reconnue à sa juste valeur. Les clients nous demandent des audits détaillés, des simulations thermodynamiques... Autant de prestations qui, pour l'heure, ne sont pas valorisées à la hauteur de l'investissement qu'elles demandent. Les choses s'amélioreront certainement quand les marchés liés à la performance énergétique décolleront.