«Nous ne comprendrions pas que les marchés du Grand Paris soient attribués à des entreprises faisant appel à des travailleurs détachés», Max Roche, président d’EGF.BTP

Aménagement, insertion sociale, gestion des déblais, conception et conduite de projets complexes… A l’occasion du colloque sur le Grand Paris qu’EGF.BTP organise le 6 octobre, son président, Max Roche, directeur général adjoint du groupe Eiffage, met en avant le savoir-faire des entreprises générales.

 

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Max Roche, président d’EGF. BTP.

Entreprises générales de France.BTP (EGF.BTP) organise le 6 octobre un colloque sur le Grand Paris. Qu’en attendez-vous ?

Max Roche: Cette rencontre intervient alors que le chantier du Grand Paris Express entre en phase opérationnelle avec le début des travaux de la gare de Fort d’Issy-Vanves-Clamart, l’attribution des premiers marchés de génie civil pour la ligne 15 sud et le prochain lancement des appels d’offres pour la ligne 16. Par ailleurs, le 10 octobre, la Métropole du Grand Paris et l’Etat lanceront officiellement l’appel à projets «Inventons la métropole du Grand Paris». Il nous a semblé que le moment était venu de dresser un point d’étape, de rassembler les acteurs, d’échanger avec eux et de faire passer quelques messages.

Quels sont ces messages ?

M.R.: Dans le secteur de l’aménagement et, notamment, dans le cadre de l’appel à projets «Inventons la métropole du Grand Paris», nous voulons mettre en avant la capacité des entreprises générales à formuler des propositions au même titre que les aménageurs, urbanistes, promoteurs… et à fédérer les acteurs autour d’elles pour «fabriquer la ville du XXIe siècle. A travers leurs filiales immobilières notamment, elles disposent déjà d’une solide expérience. Le Grand Paris avec ses futurs quartiers de gares est une occasion unique de mettre en valeur notre savoir-faire pour concevoir et conduire des projets complexes.

Concernant la construction du Grand Paris Express, quels atouts des entreprises générales allez-vous mettre en avant ?

M.R.: En termes d’insertion et de formation, les entreprises générales ont des performances qui sont incomparablement supérieures à toute autre forme d’organisation. Le chantier du Grand Paris Express va se dérouler pour l’essentiel dans des territoires confrontés à de grandes difficultés sociales. L’enjeu de ce projet est de renforcer l’attractivité de Paris, de faciliter les déplacements. Profitons-en pour remettre sur le marché du travail les habitants de ces quartiers difficiles. L’insertion est un sujet majeur. Nous ne comprendrions pas que les marchés pour réaliser ce projet, et notamment ceux du métro automatique, soient attribués à des entreprises faisant appel à des travailleurs détachés, avec pour conséquence de laisser les habitants des quartiers «le carreau». Cela nous semblerait être un paradoxe au moment même où la ministre du Travail, Myriam El Khomri, bataille à Bruxelles pour obtenir une modification de la réglementation.

Mais les entreprises générales pourront-elles assurer tous les travaux du Grand Paris Express ?

M.R.: La France compte quelques-unes des plus grandes entreprises mondiales dans le domaine du génie civil et de la construction des tunnels. Je ne vois pas de raison pour laquelle les entreprises générales françaises ne seraient pas en capacité de réaliser l’intégralité des travaux du Grand Paris Express dans les délais, En même temps, il existe des règles de concurrence que la Société du Grand Paris doit respecter. Dans ce cadre, elle peut tout à fait faire figurer l’insertion, l’intégration dans le milieu local ou encore la réutilisation des matériaux dans ses critères de choix des entreprises.

A propos d’intégration dans le milieu local, quelle peut-être la place des PME sur le chantier du Grand Paris Express ?

M.R.: C’est un autre message que nous voulons faire passer: les entreprises générales sont bien insérées dans le tissu local et ont vocation à faire travailler les PME. Nous sous-traitons environ la moitié de notre activité. 75% de ces marchés sous-traités sont attribués à des entreprises locales. Les PME ont donc tout à fait leur place sur le chantier du futur métro qu’il s’agisse de la construction des ouvrages liés aux gares avec les lots techniques (électriciens, plombiers, climatiseurs, etc.) mais aussi du tunnel pour tout ce qui est approvisionnement, maintenance ou encore traitement des déblais…

La gestion des déblais est un enjeu majeur pour la Société du Grand Paris. Comment les entreprises générales s’y préparent-elles ?

M.R.: Elles y réfléchissent depuis longtemps et notamment avec les entrepreneurs locaux. Nous voulons organiser des plate-formes visant à gérer collectivement et à mutualiser le traitement et l’évacuation des déblais. Compte tenu des volumes en jeu — 43 millions de tonnes de déblais induits par le chantier du Grand Paris Express — le dispositif sera plus efficace si nous le mettons en place avec des entreprises qui connaissent bien le terrain, les élus locaux… et seront à même de proposer des solutions. Nous ferons aussi valoir notre capacité à réutiliser localement les matériaux, par exemple via nos filiales pour construire des routes. Ce que ne pourront pas faire les entreprises étrangères.

La Société du Grand Paris attend des entreprises qu’elles proposent des solutions innovantes. Qu’en pensez-vous ?

M.R.: Le fait d’avoir un chantier qui se déroule sur une quinzaine d’années donne de la visibilité sur l’activité et permet d’engager des réflexions sur des solutions innovantes, d’investir et de progresser dans sa technique, mais aussi de recruter et de former. C’est le type même de chantier qui permet aux entreprises d’exprimer leurs savoir-faire. Par ailleurs, nous verrons si, sur la durée, la Société du Grand Paris évolue dans ses modalités d’appels d’offres. Nous sommes prêts à pousser des solutions de coproduction publique-privée pour optimiser le délai de réalisation des chantiers envisagés. Au début du projet, l’idée de réaliser la ligne desservant le plateau de Saclay en partenariat public-privé avait été avancée avant d’être abandonnée. Sur la longue durée, cette idée peut revenir. D’autres formes de partenariats pourraient aussi être développées, par exemple dans les domaines de l’aménagement de quartiers ou du traitement des déchets.

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